Salut tout le monde 👋
J’ai une grande nouveauté à vous annoncer. J’accélère le développement de cette newsletter… dans le monde ! 🌍
Au cours de l'année écoulée, j'ai interviewé plus de 50 fondateurs de fintechs françaises. Ça a été une expérience d'apprentissage incroyable pour moi, et je tiens à remercier tous les invités qui ont pris le temps de répondre à mes questions malgré leurs emplois du temps chargés.
Je veux aller encore plus loin et vous faire découvrir des fondateurs de fintechs en Europe et dans le monde entier.
Cela implique quelques changements :
Un rebranding, que vous découvrirez la semaine prochaine. ⭐
La newsletter sera désormais en anglais. 🇬🇧
Quelques nouveautés arrivent également (dont vous aurez accès en bêta), j’ai hâte de vous en dire plus !
On passe au sujet du jour ?
Parmi vous, qui utilise une app pour centraliser tous ses comptes bancaires dans un même endroit ? Je ne doute pas que vous êtes nombreux !
Parmi les acteurs pionniers qui ont proposé ce genre de services, on retrouve Linxo, qui a désormais étendu son activité pour devenir un véritable créateur d’expérience Open Banking et Open Finance sous la marque Linxo Connect.
J’en parle avec Bruno Van Haetsdaele, le fondateur & CEO !
Au programme :
La réglementation 🇪🇺
L’expérience Linxo ✨
Le virement instantané 🏎️
Modèle B2C vs B2B 💶
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
Bonjour Bruno, pourrais-tu te présenter pour commencer ?
Bonjour Thomas, je m'appelle Bruno Van Haetsdaele, je suis le fondateur et CEO de Linxo depuis maintenant 14 ans. J’ai un profil à la fois technique et entrepreneurial. J'ai étudié dans une école d'ingénieurs et, après mes études, j'ai été co-fondateur et CTO de Wimba, une entreprise qu’on qualifierait aujourd'hui d’edtech, même si le terme n'était pas encore utilisé. Nous développions des technologies pour le marché de l'éducation, notamment des outils de communication audio et vidéo pour les universités. Nous avons fusionné avec une entreprise à New York en 2004, et j’y suis resté pendant quelques années.
Après cela, je suis revenu en France pour lancer Linxo en 2010.
“Nous pourrons réaliser des initiations de paiement en utilisant le virement instantané, ce qui crée un moyen de paiement sans égal. Le marchand sera payé en 10 secondes à partir du moment où le client effectue son paiement.”
Y a-t-il des grosses différences en termes d’innovations entre le marché européen et le marché américain ?
Oui, il y a des différences. Je pense que je peux parler plus aisément de la partie open banking et des services financiers, où l'approche est très différente aux États-Unis et en Europe.
En Europe, nous avons eu assez rapidement la réglementation DSP2 qui a établi des règles précises. Cela nous a clairement placé dans un cadre réglementé et a légitimé notre activité. En revanche, aux États-Unis, le secteur a été beaucoup moins régulé, et les usages se sont développés de manière plus massive qu'en Europe. Les acteurs ont établi des standards de manière collaborative. Aujourd'hui, on pourrait penser que la réglementation en Europe aurait permis d'établir des standards plus rapidement, mais c'est l'inverse qui s'est produit aux États-Unis.
Ils sont aujourd'hui plus avancés dans l'utilisation des API et des standards de communication entre les banques et les fintechs.
Penses-tu que la réglementation européenne freine l'innovation, ou est-elle nécessaire, notamment pour des questions de conformité et de sécurité ? Ou faut-il un juste milieu ?
Je pense qu'on aurait pu trouver un juste milieu. C'est difficile de déterminer jusqu'où doit aller la réglementation. J'aurais tendance à dire que sur certains points, nous sommes allés trop loin, et sur d'autres, pas assez. C'est délicat de bien positionner les curseurs quand on intervient au niveau de la réglementation.
En Europe, par exemple, avec la réglementation DSP2, les banques ont adopté une posture très défensive. Elles se sont donc contentées de respecter les règles sans aller au-delà, car cette réglementation n'était pas souhaitée par les banques à la base. À l'inverse, aux États-Unis, l'approche a plutôt été de s'adapter aux usages qui se développent.
Revenons un peu à Linxo. Peux-tu nous dire ce que vous faites ?
Nous avons commencé à faire de la fintech en 2010, quand le mot fintech n'existait pas encore. La vision que nous avions en 2010, c'était de créer une application dont mon associé et moi ressentions le besoin en tant qu'utilisateurs. Ce besoin, c'était de gérer ses finances au quotidien de façon plus simple : est-ce que je vais avoir assez d'argent jusqu'à la fin du mois ? Est-ce que j'ai assez d'argent pour partir en vacances la prochaine fois ? Est-ce que chaque mois j’arrive à mettre de côté ? Des questions très simples.
Pour y répondre, ce dont nous avions à disposition, c'était une liste de transactions bancaires, un tableau de chiffres, et entre ce tableau et ces questions, il y avait un fossé. L'ambition était donc de fournir une application mobile très simple qui permet en 30 secondes de répondre à ces questions. Nous y avons plutôt bien répondu, avec une belle traction, et ça a créé pas mal de notoriété pour Linxo.
Et puis, en développant l'application Linxo, nous avons développé beaucoup de technologies. Au bout de quelques années, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait plus de potentiel business à exposer ces technologies à d'autres acteurs, notamment à des fintechs, à des banques, ou à des sociétés qui font de la comptabilité. Il y a des cas d'usage qui sont assez vastes et, à ce moment-là, nous avons un peu pivoté. Nous avons toujours gardé l'application Linxo, mais nous avons étendu notre activité et développé une activité où nous fournissons nos technologies sous forme d'une plateforme à d'autres acteurs.
Linxo Connect, donc.
C'est ça. Ça s’est fait sous l'impulsion de la réglementation qui a donné un cadre très clair à la fourniture de ces services.
Parmi ces services, on retrouve d'abord ce que nous avions développé pour faire l'application Linxo, donc l'agrégation de comptes, la capacité à se connecter à chaque banque. C'est ce qu'on appelle Linxo Connect Accounts.
La réglementation a également encadré un deuxième service qui est l'initiation de paiement. Le deuxième produit dans l'offre Linxo Connect est donc Linxo Connect Payments. Cette offre permet de régler facilement dans différentes situations, que ce soit rembourser un ami, payer sur un site e-commerce, ou acheter une cuisine en magasin. On a beaucoup travaillé l'année dernière pour que notre produit soit utilisable directement par les commerçants. Pour ce faire, nous fournissons des briques d'intégration standard et des plugins pour des CMS comme PrestaShop et WooCommerce. Nous avons également créé une interface utilisateur pour les marchands. Dans ce cas, il n'y a pas vraiment d'intégration, mais ils peuvent créer des liens de paiement et les envoyer directement à leurs clients.
Au fur et à mesure, en capitalisant sur toutes les données que nous avons pu manipuler avec notre produit Linxo Connect Accounts, nous avons construit un produit appelé Linxo Connect Insights. C'est un produit où nous valorisons les données de transaction bancaire. Nous avons tous déjà eu cette expérience où nous regardons une transaction sur notre compte bancaire et nous nous demandons ce que c'est. Par exemple, lorsque nous allons chez Leclerc, ce n'est pas toujours Leclerc qui apparaît sur le libellé, car ils ont des franchises, et nous pouvons avoir le nom de la franchise. Nous avons donc développé un produit capable de prendre les transactions bancaires brutes et de reconnaître le véritable marchand tel qu'il est connu par le client final, en associant un nom plus explicite à la transaction et un logo.
D'un point de vue expérimental, nous avons également commencé à travailler sur l'enrichissement de ces transactions bancaires sous d'autres angles, par exemple en calculant l'empreinte carbone. Si nous prenons un individu et cherchons à connaître son empreinte carbone, un bon point de départ est de regarder ses dépenses et d'essayer d'associer une empreinte carbone à ses achats. Nous avons donc lancé des expérimentations dans ce domaine.
Nous nous intéressons également à la dématérialisation du ticket de caisse, et regardons comment nous pourrions collaborer avec les acteurs de la dématérialisation du ticket de caisse pour les associer aux transactions. Il y a plein de choses à faire autour de la transaction bancaire et c'est notre ambition avec Linxo Connect Insights.
Très intéressant ! Peux-tu nous parler des évolutions à venir sur le virement instantané ?
Bien sûr. Avant la DSP3, il y a une réglementation à venir sur le virement instantané. Elle a été publiée en mars. Cette réglementation va rendre le virement instantané au même coût que le virement classique, c'est-à-dire 0€ dans la très grande majorité des cas.
Nous pourrons réaliser des initiations de paiement en utilisant le virement instantané, ce qui crée un moyen de paiement sans égal. Le marchand sera payé en 10 secondes à partir du moment où le client effectue son paiement. Dix secondes plus tard, les fonds sont sur le compte du commerçant, ce qui n'est pas possible avec les paiements par carte où les commerçants ne reçoivent pas les fonds immédiatement.
Cela devrait être un facteur qui accélérera l'initiation de paiement dans les prochains mois. La réglementation sera effective fin 2024, début 2025.
Vous avez expérimenté le modèle BtoC et le modèle BtoB. Le BtoC est-il plus complexe ?
Je pense que le modèle BtoC, lorsqu'il fonctionne, est assez merveilleux car il offre un réel effet de levier et de marge. Il y a un côté libérateur à fournir un service jusqu'au consommateur final. Mais il faut être conscient que cela demande des investissements, notamment en marketing, pour développer la marque et une base clientèle suffisante.
Il faut également trouver le bon modèle économique. L'application Linxo offre une forte valeur ajoutée pour l'utilisateur, mais le potentiel de monétisation est parfois difficile à exprimer par rapport à la valeur d'usage de l'application.
Nous n'avions pas encore trouvé toutes les clés pour faire fonctionner le modèle en BtoC lorsque sont arrivées ces opportunités d'utiliser notre technologie différemment, notamment grâce à la réglementation.
Mais Linxo nous maintient en contact direct avec les utilisateurs, et cela est extrêmement important en termes de retour d'expérience pour innover.
Quels sont vos enjeux à venir ?
Il y a un enjeu de développement international. Aujourd'hui, nous opérons déjà en France et en Italie, mais nous sommes vraiment en train d'accélérer. Il y aura donc des annonces sur cette partie dans les prochains mois.
Il y a un produit dont je n'ai pas parlé tout à l'heure, qui s'appelle Mon Sécuricoffre +, que nous développons pour le compte du Crédit Agricole, pour les caisses régionales. C'est un produit sur lequel nous avons beaucoup investi, qui est en pilote commercial aujourd'hui. Nous avons une grosse ambition pour ce produit, qui est un produit de coffre-fort numérique pour stocker tous les documents des clients.
Et puis, nous voyons une accélération sur la partie paiement. Nous constatons que l'initiation de paiement commence à être bien comprise par les marchands. Nous avons de plus en plus de demandes entrantes et nous sentons que c'est en train de décoller. C'est super pour nous car nous avons une offre prête, et en plus ce sont des usages qui sont super intéressants. Pour les commerçants, quand les montants sont importants, les coûts sont beaucoup plus faibles. Et pour les consommateurs finaux, ça ne consomme pas leur plafond de cartes.
Un grand merci à Bruno ! Rendez-vous la semaine prochaine, en anglais donc, avec une fintech belge. 🇧🇪