Salut tout le monde 👋
Connaissez-vous AngelList, la célèbre plateforme américaine créée par Naval Ravikant, qui regroupe startups et investisseurs ?
Eh bien, ils ont un homologue européen : Roundtable !
La fintech, lancée il y a 2 ans chez eFounders, a signé pour plus de 200M€ de deals, qui vont de 30K à 15M€.
Julien Fissette, le co-founder et CPO, nous dit tout sur leur ambition de devenir le leader européen de l'investissement non coté.
Au programme :
SPV & Fund-as-a-Service 💶
Construire rapidement 💻
La valeur d’eFounders 🚀
Les enjeux de Roundtable ✨
📣 Avant de commencer, je voulais vous parler de Finpal ! C’est une belle communauté d’entrepreneurs et de financiers, créée par Qonto, où vous pouvez poser toutes vos questions et trouver des supers contenus sur la gestion financière. Ils ont même un programme ambassadeur avec des avantages pour les plus actifs !
Si ça vous dit de rejoindre gratuitement la communauté (dont je fais partie), c’est ici.
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
Hello Julien, pourrais-tu te présenter pour commencer ?
Salut Thomas, je suis Julien, un des co-fondateurs de Roundtable, responsable des produits et opérations. Mon parcours a débuté à Centrale Paris, suivi de six ans au BCG dans l'équipe Gamma, spécialisée en Data Science. J'ai démarré comme le premier employé du bureau de Paris. Cette expérience m'a beaucoup plu et m'a permis de me développer en Data Science et Produit. J’ai rejoint le BCG pour apprendre le business et un jour lancer mon propre projet, c’est désormais chose faite !
C’est après un stage chez PayPlug, avec Camille Tyan, que j'ai eu la première fois envie de monter mon entreprise. Mais je ne me sentais pas encore prêt à 20 ans. Camille, avec son expérience en conseil, m'a dit que c'était un bon premier job pour se préparer. C'est avec cette idée en tête que j'ai intégré le BCG. C'est là que le chemin mène à Roundtable : Evan, lui aussi du BCG, et moi, avons décidé de nous lancer ensemble, avant de croiser la route d’eFounders et notre troisième co-fondateur, Simon.
“En mettant un prix sur notre service dès le début, cela nous a permis de tester non seulement l'intérêt du marché, mais aussi sa sensibilité au prix.”
Du coup, peux-tu nous parler de Roundtable ?
Roundtable vise à rendre l'investissement dans les marchés privés, c'est-à-dire non cotés en bourse, plus accessible. On le fait en développant une marketplace et toute l'infrastructure financière nécessaire pour simplifier les investissements dans ces marchés. On croit fermement à l'importance de rendre ces opportunités disponibles au plus grand nombre parce qu'une part considérable de la création de valeur se fait maintenant hors de la bourse. Il y a par exemple des entreprises privées comme Stripe ou OpenAI qui ont atteint des valorisations de dizaines de milliards de dollars.
Notre plateforme et notre infrastructure visent donc à démocratiser cet accès. Concrètement, notre service permet de créer ce qu'on appelle un SPV, Special Purpose Vehicle. C'est une entité où des investisseurs placent leur argent, qui est ensuite utilisé pour acheter des actions d'une entreprise. Imaginons un SPV de 10 personnes. Chacun met 10 000€. On obtient un investissement total de 100 000 euros, et un seul flux est versé pour l’achat des actions. Le concept de SPV n'est pas nouveau, mais comme beaucoup d'innovations tech, nous l'avons automatisé, rendu plus abordable, et plus rapide à mettre en place.
Côté offre sur notre marketplace, nous nous adressons principalement à deux profils : les business angels, qui veulent créer des clubs d'investissement pour partager des opportunités avec leur réseau, et les fondateurs, qui veulent simplifier leur cap table. Cela signifie moins de lignes à gérer et des discussions plus simples avec les investisseurs.
À travers mes nombreuses interviews, je me suis rendu compte de l’importance, de l’obsession pour le produit. Comment construire rapidement un produit de qualité ?
J'aime beaucoup la manière dont tu as formulé la question. Le mot-clé ici, c'est "rapidement". Ce que nous avons fait au début, c'était de concevoir un MVP en no-code. Cela nous a permis de vérifier si les gens étaient intéressés par notre solution pour créer des SPV. Pour le MVP, l'essentiel était de générer des documents, les envoyer au greffe et attendre que ce dernier confirme l'existence du SPV, puis de collecter les fonds.
En gros, notre MVP recueillait les informations sur l'entreprise, les investisseurs, le montant de leur investissement, leur nom, adresse, date de naissance… toutes les données nécessaires à leur identification. À partir de là, nous générions toute la documentation nécessaire pour structurer le SPV, puis nous l'envoyions manuellement avec Yousign pour la signature électronique. Nous n'avions rien automatisé, mais nous avons réalisé que même avec cette expérience utilisateur qui n'était pas optimale - la saisie des données se faisait via Typeform - nous arrivions à vendre le produit facilement. Il nous a fallu une semaine, peut-être deux, pour créer ce MVP. Nous avons pu le tester immédiatement, établir une boucle de feedback. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous avons développé la plateforme.
J’ai récemment lu un contenu sur l’importance de faire payer tout de suite sa solution, même en bêta ou sur un MVP. Votre solution était payante dès le début ?
Oui, on a décidé de la faire payer dès le départ. La principale raison, c'est que même si on aurait pu offrir gratuitement la génération de documents, il y avait derrière des frais inévitables. Par exemple, la création du SPV nécessite de déposer des informations au greffe et d'ouvrir un compte bancaire, ce qui engendre des coûts. Mais c'était finalement une bonne chose de pouvoir faire payer notre solution directement. Comme tu l'as dit, offrir un produit gratuitement ne permet pas de vérifier s'il présente une valeur réelle pour les utilisateurs. En mettant un prix sur notre service dès le début, cela nous a permis de tester non seulement l'intérêt du marché mais aussi sa sensibilité au prix.
J’aimerais revenir sur vos groupes de business angels. C’est ouvert à tous, ou il y a des conditions pour rejoindre un groupe ?
Pour nos groupes de business angels, on distingue principalement deux types de communautés.
D'abord, il y a les communautés privées, qui représentent 90% de nos groupes. Si tu lances une communauté sur Roundtable, par défaut, elle sera privée. Tu peux ainsi investir avec ton réseau. Après quelques transactions, une fois qu'on a eu l'occasion de faire connaissance et de vérifier que tout se passe bien, si tu souhaites ouvrir ta communauté au reste des investisseurs de Roundtable, nous pouvons le permettre.
Concernant les communautés publiques, on en compte une quinzaine environ. Chaque communauté se spécialise dans un secteur spécifique, et nous prenons le temps de les connaître avant de les rendre publiques. En tant qu’investisseur, pour rejoindre ces groupes, tu explores leurs thèses d'investissement, et si l'un d'eux te plaît, tu peux postuler. Cela implique d'envoyer un message aux administrateurs du groupe, en expliquant qui tu es, ton expérience et pourquoi tu aimerais les rejoindre. La décision finale revient aux administrateurs.
Vous ne proposez pas que du financement dans des startups il me semble ?
Effectivement, notre démarrage était fortement axé sur les startups tech pour plusieurs raisons : c'était le domaine que nous connaissions le mieux, nous avions d'excellents accès grâce à eFounders, et les investisseurs dans la tech sont souvent des early adopters, ce qui facilitait notre approche.
Mais les structures que nous avons mises en place sont applicables à tous types d'actifs privés. Rassembler une dizaine de personnes pour investir dans des parts de startup ou pour acquérir un immeuble, repose sur le même principe. Certaines personnes nous approchaient déjà pour d'autres types d'investissements. Certains voulaient racheter une entreprise dans une logique de private equity, réaliser une opération de LBO, ou acheter un bien immobilier.
Jusqu'à présent, nous n'avons pas spécifiquement concentré nos efforts marketing ou commerciaux sur ces autres classes d'actifs. Mais l'un de nos principaux objectifs pour 2024-2025 est de nous ouvrir davantage à ces opportunités.
Tu m’avais également parlé d’une troisième solution. Tu peux nous en dire plus ?
Oui, exactement. Certaines communautés ont exprimé le besoin d'aller au-delà des SPV. L’inconvénient des SPV, c’est qu’il faut reproposer chaque nouvelle opportunité à la communauté, ce qui peut être chronophage. Il y a alors une solution : les fonds d'investissement. Ils permettent de lever des fonds en avance, basé sur une thèse, une stratégie définie. Par exemple, tu pourrais dire : "moi, Thomas, j'ai un excellent réseau dans les startups fintech européennes grâce à mon blog." Les gens investissent en amont, et tu déploies ces fonds sur une durée fixée selon ta stratégie. Mais les fonds sont plus régulés, car l'argent est investi sur plusieurs années sans notifier à chaque fois dans quelle startup ils seront placés.
Début 2023, nous avons donc soumis une demande d'agrément, obtenue fin novembre 2023. Cela a ouvert la voie à notre nouvelle offre de Fund-as-a-Service. Cette offre commence déjà à prendre de l'ampleur : quatre fonds sont en phase de levée de fonds, et l'un d'eux est même en phase de clôture, avec la signature des documents et la réception des fonds en cours. C'est une grande étape pour nous. On t'offre une expérience complètement intégrée. Toute la partie opérationnelle, qui n'est pas forcément celle où tu as envie de passer du temps, nous la prenons en charge et nous l’automatisons.
Ça vous a apporté quoi de passer par eFounders ?
Evan et moi, lorsque nous avons commencé à développer Roundtable, avons vite compris qu'on allait devoir faire face à des coûts légaux importants. Il était donc essentiel pour nous de lever des fonds rapidement, ne serait-ce que pour couvrir les frais d'avocats nécessaires pour approfondir notre projet. Nous avons rencontré eFounders très tôt, et en seulement deux heures, ils ont exprimé leur volonté d'investir, et surtout de co-créer l'entreprise avec nous.
Lorsque tu es first-time founder, il y a tellement de choses que tu ignores, y compris celles que tu ne sais pas tu ignores. eFounders, avec ses méthodologies et ses équipes, nous a énormément aidés là-dessus. Même si on ne sait pas tout en sortant de chez eux, on sait au moins ce qu'on ne sait pas.
Ensuite, le temps gagné grâce aux équipes d'eFounders est incroyable. On bénéficie de l'expertise de partenaires hyper complémentaires. Et puis eFounders représentait exactement le type de profil pour lequel notre produit a été conçu. En tant que créateurs d'entreprises, ils portent la casquette de fondateurs ; en investissant dans des startups, celle de business angels ; et en proposant à leur réseau d'investir dans les entreprises qu'ils lancent, celle de gestionnaires de communauté. Ils pouvaient donc nous assister à tous ces niveaux.
Et puis leur réseau est un atout majeur. Ils connaissent pratiquement tous les BA en France, en Belgique, et sont bien connectés à travers l'Europe.
Enfin, ils nous ont permis de rencontrer notre troisième associé, Simon, qui n’aurait vraisemblablement jamais entendu parler de nous autrement. Vu les enjeux de recrutement d’une jeune entreprise, avoir un début d’image de marque grâce à eFounders est extrêmement utile !
J'ai une dernière question pour toi. Quels sont vos enjeux en 2024 ?
Pour 2024, notre ambition est de nous imposer comme leader européen dans l'investissement sur les marchés non cotés. Cela implique plusieurs défis à relever, notamment l'expansion internationale. Actuellement, notre présence est forte en France et en Belgique francophone, mais il reste beaucoup de terrain à couvrir dans d'autres pays. Nous lançons l’Allemagne présentement, et allons enchaîner avec le Royaume-Uni.
En ce qui concerne les classes d'actifs, nous avons déjà abordé le sujet : notre démarche initiale avec les SPV-as-a-Service et Fund-as-a-Service se concentrait principalement sur le secteur des startups. Des opportunités dans le Private Equity et l'immobilier se présentent naturellement à nous, et nous savons que pour élargir notre marché, nous devrons explorer ces domaines.
Et enfin, l'un de nos plus grands défis sera le recrutement. Trouver et attirer des talents de haut niveau prend énormément de temps. Contrairement au BCG, où la marque attire naturellement les candidats, nous devons adopter une approche plus proactive, en allant chercher activement les meilleurs profils. Cela demande beaucoup d'efforts et de temps pour chaque recrutement, mais les résultats en valent la peine.
Merci à Julien pour cette discussion ! La semaine prochaine, je reçois un serial entrepreneur qui a lancé une fintech que vous avez déjà certainement vu passer.
Bonne semaine à tous ! 👋