Salut tout le monde 👋
En tant qu’ancien banquier, je peux affirmer que le parcours de financement des TPE/PME est loin d’être sans embûches.
Process d’entrée en relation pas toujours simple, des échanges à répétition pour l’analyse du dossier, mise à disposition des fonds sous plusieurs semaines… Tout ça n’est pas des plus optimisés !
C’est alors qu’apparaît le digital lending ! Souvent adossé à des financements CT, il permet aux entreprises d’obtenir des fonds en quelques jours seulement grâce à une analyse data-driven.
Nima Karimi, le co-fondateur & CEO de Silvr, nous explique tout sur la digitalisation du financement des TPE/PME.
Au programme de notre discussion :
Le financement des PME 💶
Le scoring data-driven 📊
Le marché allemand 🇩🇪
Les enjeux de Silvr 🚀
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
Salut Nima, pourrais-tu nous présenter Silvr pour commencer ?
Salut Thomas ! Chez Silvr, notre mission est de rendre le financement plus accessible pour les TPE et les PME. Pour cela, nous avons créé une solution qui permet aux entrepreneurs de financer leur BFR et leur trésorerie de manière globale, de façon très simple.
Une demande de financement prend seulement une minute sur le site de Silvr, et nous sommes capables de revenir vers nos clients instantanément, ou sous 24 heures, avec des propositions de financement allant de 5 000 à 1 million d'euros. Ces fonds peuvent être utilisés pour des besoins variés, comme le recrutement, l'achat de stock, ou pour couvrir des délais de paiement liés aux créances clients, entre autres.
“Le type d'underwriting que nous opérons chez Silvr, c'est ce que l'on appelle du cash flow underwriting. Cela signifie que notre modèle de scoring se base sur l'analyse des transactions bancaires des entreprises. Ce modèle nous permet de prendre des décisions de financement basées sur des données qui sont infalsifiables, très granulaires, et très à jour.”
Vous avez commencé en proposant du RBF, il me semble. Peux-tu nous raconter un petit peu l'historique ?
Effectivement, nous avons démarré en finançant, quasi exclusivement, ce que l'on va appeler des acteurs du digital. Donc beaucoup de boîtes SaaS, beaucoup également dans l'e-commerce, car ce sont des entreprises qui connaissent de fortes croissances et qui ont des besoins importants en trésorerie et en fonds de roulement.
Ce sont aussi des entreprises très denses en données, ce qui pour nous était un excellent point de départ pour construire nos modèles de scoring basés sur les données. La période de 2020 à 2022 a été particulièrement propice pour financer ces acteurs, qui bénéficiaient également de beaucoup de financements en equity. Nous étions donc ravis de les financer en dette à côté.
Pour quelles raisons avez-vous décidé de vous élargir ? Était-ce une ambition dès le début, ou en raison du contexte économique ?
Nous nous sommes servis de ces deux premières années d'activité pour construire une technologie qui nous permet aujourd'hui de financer des sociétés moins data intense que les digital companies. Nous opérons des analyses qui portent uniquement sur les transactions bancaires.
En fait, la mise au point de cette technologie durant ces deux années nous permet aujourd'hui de financer des entreprises, quel que soit leur secteur d'activité. Cela n'exclut pas que nous continuons à financer des digital companies.
Vous proposez différents moyens de financements à court terme ?
Nous proposons un seul type de financement, qui est un financement à court terme, non dédié, non alloué à une dépense spécifique.
Nous venons abonder en trésorerie les comptes bancaires professionnels de nos clients et ils peuvent s'en servir pour financer, comme je le disais, n'importe quel type d'investissement, que ce soit du recrutement, des dépenses marketing, du stock, ou des créances clients.
Une des grandes forces de Silvr, c'est la rapidité. Je suppose que cela repose notamment sur votre modèle de scoring data-driven. Comment fonctionne-t-il ?
Le type de scoring, ou le type d'underwriting, que nous opérons chez Silvr, c'est ce que l'on appelle du cash flow underwriting. Cela signifie que notre modèle de scoring se base sur l'analyse des transactions bancaires des entreprises. Ce modèle nous permet de prendre des décisions de financement basées sur des données qui sont infalsifiables, très granulaires, et très à jour.
Ensuite, en termes de technologie, nous avons développé trois principaux blocs :
Le premier bloc, que nous appelons le bloc Data Collection, sert à récolter les données nécessaires. Nous parlons ici de transactions bancaires. Pour récupérer ces données, nous avons développé trois méthodes : d'abord, l'Open Banking, qui permet à nos clients, en un clic, de nous donner accès à leur compte bancaire professionnel. Deuxièmement, nous avons une API qui permet à des clients sur certaines néobanques de partager également leurs données et de créer leur compte directement sur Silvr en un clic. Enfin, pour nos clients qui ne souhaitent pas partager leurs données via l'open banking ou via API, nous offrons la possibilité de télécharger leurs relevés bancaires sur leur espace en ligne, que nous allons ensuite traiter via OCR.
Le deuxième bloc est appelé la Data Classification, où nous labellisons automatiquement chaque transaction bancaire récupérée. Chez Silvr, nous disposons de 18 catégories, qui peuvent inclure le chiffre d’affaires, les taxes, les salaires, les dépenses de stocks... Nous avons créé une brique technologique appelée Classif.ai, qui est un LLM entraîné sur des millions de data points issus des données propriétaires de Silvr, qui nous permet, en temps réel, de catégoriser les transactions bancaires de nos clients.
Enfin, en sortie du modèle, nous obtenons des ratios sur l’entreprise, et ces ratios sont injectés dans un arbre de décision. C’est ce que nous appelons le bloc de Credit Decisioning, qui nous permet de prendre une décision de financement, de calculer un encours et de définir un pricing.
Je suppose que votre scoring va impacter les taux que vous proposez à vos clients ? À quel taux puis-je me financer chez vous ?
Tout à fait. Nous utilisons ce qu'on appelle un risk-adjusted scoring. C'est un score qui prend en compte l'état financier de l'entreprise pour adapter le pricing.
Nous ne facturons pas de taux d'intérêt mais une commission fixe sur les financements que nous apportons. Cette commission est en moyenne de 1,5 % par mois de maturité du prêt. Donc, si nous déployons un prêt sur une durée de 4 mois, la commission sera en moyenne de 6 % sur les fonds mis à disposition.
J'aimerais en savoir un peu plus sur votre business model. Peux-tu nous expliquer comment fonctionne ce mécanisme de levée de dette et de redistribution du capital ?
C'est très simple. Nous levons de la dette auprès d'acteurs institutionnels et de fonds de dette privée. Pour cela, nous constituons des véhicules qui sont dédiés à ce type d'activité, et ce sont ces fonds-là qui vont prêter de l'argent à nos clients. Nous investissons également nous-mêmes dans ces fonds.
Vous êtes présent en France et en Allemagne. Vois-tu des différences dans la culture, dans la manière de fonctionner, entre les entreprises françaises et allemandes ?
On pourrait citer de nombreuses différences au niveau de la culture entre la France et l'Allemagne. Par exemple, les Allemands sont généralement très attentifs au traitement de leurs données et à tout ce qui concerne la privacy. C’est notamment pour cette raison que nous avons obtenu la certification ISO 27001, qui est relative à la protection des données de nos clients et utilisateurs, afin de répondre aux standards de sécurité les plus élevés.
On observe aussi que les entreprises allemandes font beaucoup plus appel au découvert. Nous avons dû adapter notre modèle de risque pour répondre spécifiquement au marché allemand.
Vous en êtes où à l'heure actuelle ?
Nous communiquons sur un nombre de quelques milliers de clients. Cette année, nous allons doubler notre volume de financements déployés par rapport à 2023.
Je voudrais également mentionner une autre métrique importante : 2/3 de nos clients se refinancent avec Silvr. Nous avons un modèle de financement très récurrent. Nous venons financer un besoin de trésorerie qui est très souvent structurel pour l'entreprise. Nous pouvons refinancer ce même client plusieurs fois dans l'année.
Vous êtes en compétition avec les banques classiques, ou plutôt complémentaires ?
Nous sommes très souvent complémentaires. Les banques proposent généralement des financements qui sont sur des maturités plus longues, de l'ordre de 3 à 5 ans, maturités qui correspondent davantage à des cycles d'investissement longs.
Chez Silvr, au contraire, nous venons plutôt financer ce qu'on pourrait appeler des investissements à ROI rapide, ou en tout cas des besoins de trésorerie liés au fonds de roulement. Donc, nous sommes très complémentaires des banques. Nous ne finançons pas tout à fait la même chose.
Vous souhaitez vous aventurer sur le difficile marché des prêts à moyen et long terme ?
Nous nous concentrons sur le court terme. Je pense qu'il est très compliqué de venir concurrencer les banques sur leur terrain, sachant par ailleurs que nous ne pourrons jamais concurrencer la taille du bilan d'une banque et donc nous ne pourrons jamais avoir le même coût de financement.
Enfin, je crois qu’il y a également un sujet d’ADN : nous ne sommes pas des banquiers, nous sommes des entrepreneurs qui veulent financer des entrepreneurs. Aujourd’hui, le plus difficile pour un chef d’entreprise, c’est de financer son activité, ses opérations. Les investissements de long terme, c’est un tout autre sujet.
Quels sont vos enjeux à venir sur l'année ?
Nos principaux enjeux sont de continuer à croître sur nos deux marchés actuels, la France et l'Allemagne, sachant que notre déploiement se fait beaucoup via des partenaires.
Nous sommes intégrés sur des plateformes comme des néobanques ou des logiciels SaaS, comme Qonto. Aujourd'hui, si tu es client chez Qonto, en un clic, tu peux créer ton compte sur Silvr et nous donner accès aux informations nécessaires pour te revenir avec une proposition de financement. C'est extrêmement simple et cela représente un gros morceau de notre distribution.
Un autre canal de distribution est l'interfaçage avec des courtiers en financement. Nous avons créé une application qui permet aux courtiers de venir faire des demandes de financement directement sur un espace dédié sur Silvr. D’ailleurs, si des courtiers ou des apporteurs d’affaires nous lisent, qu’ils n’hésitent pas à s’enregistrer sur le site !
L'objectif est de développer tous nos canaux de distribution, directs et surtout indirects, en France et en Allemagne, et à plus moyen terme de conquérir d'autres pays européens.
Un dernier mot pour terminer ?
Oui, la mission de Silvr est une mission qui me tient extrêmement à cœur en tant qu'entrepreneur. Ayant moi-même expérimenté à plusieurs reprises la nécessité de financer mes activités, que ce soit via de la dette, de l’affacturage ou de l’equity, j'ai eu très à cœur de créer une solution que j'aurais aimée connaître.
C'est ce que j'essaie de réaliser avec Silvr : poursuivre cette mission de rendre le financement plus accessible afin d'aider un maximum d'entrepreneurs dans la gestion quotidienne de leur activité.
Un grand merci à Nima pour cet échange. Rendez-vous la semaine prochaine pour parler de crypto !