🎙️ Ne perdez plus de temps (et d'argent) avec vos factures
Avec Yann Ravel-Sibillot, co-fondateur & CEO de Flowie.
Hello tout le monde 👋
Ancien CTO de Big Mamma (vous savez, la super chaîne de restaurants italiens 🍕) et créateur de l’application sunday pour payer en quelques clics au restaurant, Yann Ravel-Sibillot se lance un nouveau défi (et de taille) : simplifier la facturation dans les entreprises.
Il a pour cela co-fondé Flowie, une plateforme qui permet de simplifier tout le process de facturation clients et fournisseurs. 🧾
Au programme de notre discussion :
Flowie et ses enjeux 🚀
L’arrivée de la facture électronique 🧾
La digitalisation de la finance 🤖
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
Salut Yann, peux-tu commencer par te présenter ?
Hello Thomas, je suis ingénieur de formation spécialisé dans l'intelligence artificielle et la robotique. J'ai créé quelques sociétés par le passé dans le domaine des fintechs, foodtechs... J'ai également occupé des postes de CTO, notamment chez Big Mamma, un groupe de restauration italienne, et je suis le créateur de l’application sunday qui permet de payer dans les restaurants.
Sinon, je suis récemment marié et j'aime faire du sport : kite, escalade, kayak…
Le paiement doit disparaître en BtoB. La seule question critique c'est ton cash: comment tu gères cette tréso ? Comment fais-tu en sorte de ne pas être bankrupt dans deux mois ? Quelle visibilité as-tu ?
Nouvelle aventure avec Flowie du coup, peux-tu nous en parler ?
On résout un problème vieux comme le monde, on peut le dire, que j'ai principalement rencontré lorsque j'étais chez Big Mamma. Là-bas, j'avais à gérer un volume important de factures. À l'époque, je pensais simplement que c'était un problème courant, et j'ai décidé d'adopter une solution déjà existante sur le marché. Nous avons lancé un appel d'offre, déployé l'outil et nous pensions que tout irait bien. Mais en réalité, ça n'a pas résolu mon problème. Même si avec un processus de validation et de paiement bien établi, je me demandais toujours pourquoi je devais valider chaque facture. À l'époque, je me suis dit que c'était mieux que rien, car j'étais en train de créer sunday en parallèle et j'avais 20 autres projets.
Par la suite, j’ai rencontré le même problème avec sunday, pareil chez Not So Dark. À ce moment-là, j'ai pensé à deux options : soit c’est moi, soit il y a un vrai problème. Alors j'ai commencé à mener des interviews et j'ai réalisé qu'il y avait réellement un problème sur le marché. Il y avait un segment de marché, le BtoB, où ce problème était particulièrement prévalent.
Maintenant, quelle est la nature de ce problème ? C'est à la fois une question de workflow de validation, de personnes impliquées, mais également de visibilité sur ton cash. Aujourd'hui, tu as de la visibilité sur ton cash sortant, mais pas forcément sur ton cash entrant. Et puis le dernier point, qui est très important pour moi, c'est la qualité des données. Aujourd'hui, elles sont pratiquement inexistantes, et quand elles existent, elles sont de très faible qualité.
Donc avec Flowie, l'idée est de créer une solution de facturation qui s'intègre totalement dans tes systèmes, en utilisant ton ERP, pour collecter les informations de ta facture, ton devis, ton contrat, ta commande, et tous ces éléments, mais également d'insérer les données contextuelles provenant de ton CRM. Le but est de créer un environnement de communication BtoB le plus efficace possible pour la gestion de tes factures clients et fournisseurs.
Notre objectif est d'aider à la prise de décision grâce à de l'intelligence contextuelle.
À l’heure actuelle, des fintechs permettent de gérer uniquement les fournisseurs, d’autres uniquement les clients. Vous faites les deux, c’est un sacré challenge ! Comment tu vois les choses ?
Nous avons l'habitude de subir un flux de factures entrantes ou d'émettre des factures en se demandant quand elles seront payées. Ça s’est toujours passé comme ça.
Mais au lieu de subir, ne pourrions-nous pas changer le format de tout cela ? C'est là que la communication intervient. Si nous avons une communication beaucoup plus fluide, nous pouvons interagir, échanger et augmenter cette expérience en y ajoutant du contexte. C'est pourquoi nous nous appuyons sur la réforme de la facturation électronique qui est en cours de déploiement en Europe, en France, et qui deviendra obligatoire à partir de juillet 2024. La révolution a déjà commencé dans beaucoup de pays du monde, et tous les pays européens avancent dans cette direction.
Nous nous appuyons sur cette réforme pour construire une nouvelle brique et offrir une expérience utilisateur extrêmement fluide. Et quand je dis cela, cela concerne autant les financiers, administratifs que les équipes business. Nous voulons fluidifier les échanges à tous ces niveaux.
Vous vous adressez à quelle cible ?
Aujourd'hui, nous nous adressons principalement aux entreprises PME et ETI, car ce sont elles qui rencontrent cette complexité opérationnelle. Leurs workflows de validation sont complexes, avant de gagner la confiance des grands groupes.
Mais nous avons tout de même veillé à ce que notre solution soit facilement utilisable même par les petites entreprises, et cela gratuitement.
Imaginons que je suis CFO d’une ETI, qu'est-ce que je peux faire avec votre solution ?
Nous avons la capacité de faire deux choses : recevoir des factures et envoyer des factures.
Imaginons que tu aies une facture à envoyer. Nous pouvons récupérer automatiquement cette facture dans tes outils, l'enrichir en ajoutant du contexte et l'envoyer directement. Nous nous occupons de toute la communication, de l'envoi et des relances. Par exemple, nous vérifions si la facture est bien arrivée chez le destinataire. Est-elle arrivée dans les spams ? Le destinataire ne l’a-t-il pas oublié ? L’a-t-il consulté sans rien faire ensuite ? Ou peut-être a-t-il quitté l'entreprise ? Nous traitons tous ces aspects afin de garantir que la transaction continue d'avancer, et nous notifions les personnes concernées. En tant que vendeur, je peux suivre ma facture et avoir une visibilité dessus.
De l'autre côté, cela fonctionne également. En tant qu'acheteur, j'ai reçu une facture. Nous avons mis en place un processus de validation extrêmement simple, également disponible sur téléphone. Nous voulons que cela soit concis et efficace. Donc, lorsque votre flux de factures arrive, nous pouvons récupérer le contexte à partir de votre CRM ou de vos données internes, et grâce à notre intelligence intégrée, nous pouvons synthétiser les informations et dire : "C'est tout bon, tout est en ordre car X et Y". En parallèle, le workflow de validation se lance avec la ou les personnes devant être impliquées. Ils ont l'ensemble de l'information pour prendre une décision. Et enfin, votre comptable ou trésorier peut exécuter le paiement sereinement et en toute sécurité, au meilleur moment. Tout cela peut être intégré automatiquement, et vous serez notifié à chaque étape du processus.
Je vois un double avantage qui est déjà un gain de temps, et surtout le fait de s'assurer que je ne passe pas à côté de quelque chose. Je me libère une sacrée charge mentale.
Exactement. En fait, pourquoi les gens ne paient pas immédiatement ? Dans une grande majorité des cas, c'est simplement parce qu'ils ont oublié. Dès que tu reçois ta facture, tu te dis "Oui, c'est bon, je l'accepte et je vais la payer ultérieurement car je ne dois pas la payer maintenant”, et puis tu oublies. Si tu peux tout programmer, ça n’arrive pas.
Vous parlez pas mal d’IA sur votre site. Comment l'intégrez-vous dans votre solution ?
Alors, IA, c'est un terme que je n'aime pas beaucoup parce qu'il est utilisé à tort et à travers.
Déjà, le produit est conçu pour simplifier les utilisations. Tout commence par une intelligence produit, grâce à une expérience utilisateur (UX), pensée pour les utilisateurs de tous les jours, les opérations, et les équipes financières. Plus difficile à faire qu'à dire.
Le deuxième point, c'est que oui, nous utilisons des systèmes intelligents qui sont capables de comprendre ton environnement documentaire, tes relations commerciales. Ils vont extraire des informations et les synthétiser pour toi. Nous extrayons par exemple les paragraphes de tes contrats et les résumons pour te permettre de prendre une décision, en lien avec tes bons de commandes et factures. Tu n'as plus besoin de te casser la tête pour essayer de tout comprendre.
Concernant la gestion des postes clients et fournisseurs, on parle beaucoup de financement intégré. Vous proposez également des solutions de financement ?
Nous avons de nombreuses discussions avec les acteurs du marché, tant avec les acteurs institutionnels comme BNP ou la SoGé, qu’avec les nouvelles solutions comme Aria, Héro ou Defacto. Ça arrive !
Quels sont selon toi les grands enjeux de digitalisation dans la finance dans les années à venir, notamment dans les paiements ?
Alors, il y a plusieurs dimensions là-dedans. Si nous parlons de paiement, pour moi, il doit disparaître en BtoB. Parce que l'événement réel est le business auquel tu l'associes. On parle de transfert de valeur, et moins de paiement. La seule question critique c'est ton cash: comment tu gères cette tréso ? Comment fais-tu en sorte de ne pas être bankrupt dans deux mois ? Quelle visibilité as-tu ?
Après, la finance, j'ai tendance à l'élargir. Un bon financier, c’est un businessman. Il comprend le business et sait comment l'optimiser. L'objectif c'est de redonner du pouvoir sur la relation aux équipes business tout en ayant une plus grande flexibilité en termes d'optimisation financière. Parce qu' aujourd'hui, avec la réforme de la facturation, beaucoup de choses vont changer. Jusqu'à présent, nous avions des outils qui extrayaient plus ou moins bien l'information des factures. Avec la facture électronique, nous aurons un socle minimal commun d'information qualitative disponible. C'est-à-dire que l'ensemble des analyses pourront être réalisées au niveau de la ligne, pour ceux qui utiliseront notre PDP. Ainsi, on perd moins de temps sur la paperasse et on se concentre davantage sur sa valeur ajoutée et son impact (financier et sociétal)
Aujourd'hui, il y a également un enjeu de sécurité. Pourquoi cela prend du temps, pourquoi c'est fastidieux ? Parce que nous avons ajouté de nombreuses couches de sécurité avec différentes approches. Certaines peuvent être archaïques, d'autres sont nécessaires. Donc tout le raisonnement consiste à maintenir ce niveau de sécurité tout en fluidifiant l'interaction. C'est ce qui est très difficile. C'est là que nous avons besoin d'intelligence, aussi bien humaine qu'artificielle.
Tout ça passe par une évolution de la réglementation également...
Il y a la PSD3 qui vient de sortir et qui est en train de se définir, ce qui va pousser certains éléments dans la bonne direction. Ensuite, il y a l'EPI (European Payment Initiative nldr) qui est en train de se lancer en Europe, ce qui permettrait d'accélérer les paiements. Il y a également plusieurs initiatives qui arrivent avec cette notion que cela devient tout simplement absurde d'exécuter un paiement qui prend trois jours pour arriver. Aujourd'hui, nous avons l'habitude de l'instantanéité.
C'est comme si je te disais que lorsque tu envoies un message à tes amis, il faut que ça passe par la poste et qu'il mette trois jours pour arriver. C'est délirant.
Le tout dans un monde où notre impact environnemental et sociétal doit être mesuré pour être amélioré d'ici 2030. Les premières amendes vont commencer à tomber en début d'année prochaine.
Quels sont vos objectifs en 2023 ?
D’atteindre le milliard de transactions gérées. On est en très bonne voie, déjà à quelques centaines de millions. C'est beaucoup de challenge sur l'exécution et l'expérience client.
Tu as une formation d’ingénieur, plutôt un profil tech. Pourquoi toutes ces expériences dans la finance ?
La finance m'a toujours intéressé. Si je devais te donner une anecdote, les premiers robots que j'ai pu concevoir étaient des robots de traders. La première start-up que j'ai fondée, c'était une solution de paiement sans contact pour les festivals.
L’argent, c'est un point qui est important pour moi car c'est un sujet qui peut rapidement devenir source de tension entre deux parties. S’il est bien géré, il n'y a aucun problème. Tu fais une transaction business, la partie paiement doit être un non-événement. Par contre, inversement, si c'est un événement, c'est généralement la relation qui risque d'exploser.
Le paiement est, pour moi, très important et doit être géré de la manière la plus efficace possible.
sunday, c'était comment faire en sorte que le paiement dans un restaurant soit un non-événement. On a lancé ça à la sortie du confinement. On était dans un premier restaurant en 10 jours, ça a tellement bien marché que le soir même, on était dans un deuxième restaurant, et le lendemain, on était dans un troisième, et au bout d'un mois, on était dans trois pays.
La différence par rapport à la compétition, nous étions une application uniquement de paiement, ce qui rendait l'expérience client très différente. L'objectif avec sunday, c’était d’apporter de la valeur à l'ensemble de la chaîne, que cela soit fluide, et qu'on ne fasse qu'une seule chose : payer.
Un dernier mot pour terminer ?
Je pense qu'il y a un point intéressant dans ce sujet de facturation, c'est que oui, on a une véritable réforme qui arrive et qui va changer beaucoup de choses. L'élément intéressant à considérer, c'est que nous avons l'opportunité de revoir entièrement les processus internes au sein des entreprises et de se demander : "Bon, avec cette réforme, on a deux options. Soit on se contente de faire les corrections nécessaires et on passe à la facturation électronique. Ou bien on essaye d'aller un peu plus loin avec la technologie et on améliore notre BFR, notre ESG…".
Ce n'est pas seulement une révolution pour les autres, c'est une opportunité pour toutes les entreprises. Et nous sommes capables d'exploiter pleinement ces technologies, LLMs, GPT & co, même si cela implique des changements importants. Aujourd'hui, avec des systèmes entièrement intégrés dans vos outils de gestion, nous sommes réellement capables de réaliser des gains sur l'ensemble de la chaîne de valeur.
Donc, oui, quelque chose que l'on peut ajouter, c'est de faire confiance aux dernières technologies et de se rapprocher d'experts. Aujourd'hui, nous sommes capables de réaliser des choses qui sont extrêmement intelligentes tout en préservant la vie privée et la sécurité des entreprises.
Un grand merci à Yann pour son temps ! Rendez-vous la semaine prochaine pour une dernière édition avant une petite pause estivale en août. 🏝️