Hello tout le monde 👋
En apparence, le processus d’octroi d’un prêt semble relativement simple (même si, je vous l’accorde, ça dépend des banques 😄). On va voir son banquier, on lui présente un dossier, il nous fait une proposition, on envoie quelques justificatifs, et c’est réglé !
Mais, en réalité, ce qui se cache derrière tout ça n’est pas si simple ! Demande de souscription, scoring, validation et signature, gestion du crédit… ce parcours complexe est supporté par des plateformes qui permettent de donner vie à un crédit et de le gérer. C’est ce qu’on appelle des Core Financing Software !
Pour parler de tout ça, je reçois aujourd’hui Thomas Nokin, le fondateur de Basikon, une plateforme de crédit et de leasing.
Au programme de notre échange :
Le parcours de Thomas 💻
Le cycle de vie d’un financement ⚙️
L’arrivée des API dans la finance 🔗
Les enjeux à venir chez Basikon 🚀
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
Salut Thomas ! Pour commencer, pourrais-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Salut Thomas, j'ai un parcours très tech. J'ai commencé en tant que développeur dans les années 90, puis j'ai ensuite managé des équipes jusqu’à devenir CTO. J'ai été CTO pendant 13 ans chez E-Front, qui a été revendu en 2019 à BlackRock pour 1,3 milliard $.
Et puis, j'ai rejoint un autre éditeur de logiciels et j'ai découvert le monde du financement, du crédit, du leasing. J'ai réalisé qu'il y avait un énorme décalage entre les demandes des clients, très axées sur le numérique, les nouveaux usages, et les plateformes qui avaient été conçues pour la plupart au cours des 20 années précédentes.
Nous avons alors réalisé qu'il y avait un espace pour créer une nouvelle entreprise. Il fallait repenser le monde du crédit en tant qu'entité native du numérique. C'est ce que nous avons commencé à faire il y a maintenant 5 ans, avec la première ligne de code. Un an après, nous avons signé notre premier client, et maintenant, nous avons plusieurs clients dans le secteur bancaire dans toute l'Europe et en Afrique.
L'API devient centrale […]. Ce n'est plus quelque chose qui permet d'interconnecter des systèmes, ça devient le système, et c’est l'avenir.
Peux-tu nous en dire plus sur votre plateforme ?
La caractéristique de notre plateforme est qu'elle est multi-métier, très configurable. On pourrait dire que tout le monde partage 90 % des besoins, mais les 10 % restants sont spécifiques et apportent une grande valeur ajoutée. La capacité à intégrer ces 10 % fondamentaux au cœur de la plateforme, grâce à sa grande configurabilité et à son approche low-code, nous permet de répondre à une grande variété de besoins métier.
Nous avons des clients dans le domaine du Buy Now Pay Later, dans le leasing automobile, dans le leasing pour les TPE et PME. À chaque fois, c'est la même plateforme, le même produit de base, mais qui est réinventé avec la redéfinition des flux de travail, des règles métier et des calculs financiers lors de la mise en œuvre avec le client.
Donc en résumé, une plateforme à la pointe de la technologie, 100 % numérique, très productive, capable de mettre en œuvre tous les processus numériques et de gérer tous les aspects du financement, du front au back, de bout en bout, jusqu'au recouvrement des impayés.
Comment ça se passait avant l’essor de plateformes comme Basikon ? Qu’avez-vous apporté ?
Dans le monde du crédit, c'était assez archaïque. À l'époque, les processus de crédit étaient principalement gérés par des échanges par e-mail, par téléphone, et par le partage de fichiers Excel.
La première étape a consisté à créer des portails d'onboarding, mais ils étaient mal connectés avec le back-office. Il y avait donc une certaine digitalisation en amont, mais elle était souvent mal intégrée.
Le crédit ne se limite pas à la partie que l'on appelle l'origination, qui comprend la collecte, la simulation et l'acceptation des dossiers. Il y a aussi une phase post-vente, car, par exemple, dans le cas d'une voiture en leasing, elle peut être endommagée, il peut y avoir une renégociation de crédit, etc.
Il y a également des problèmes liés aux coûts élevés de ces systèmes, car ils étaient anciens et complexes. Lorsqu'une banque décidait, par exemple, d'entrer sur un nouveau marché ou de lancer un nouveau produit, ou lorsque le législateur imposait de nouvelles réglementations, cela coûtait énormément d'argent. C'était un problème similaire à celui des banques traditionnelles face aux néobanques. De petits acteurs avec une forte valeur ajoutée ont commencé à leur prendre des parts de marché, car ils étaient capables de réagir rapidement grâce à leur infrastructure moderne.
Donc, ce que nous apportons, c'est la possibilité pour une banque de se projeter dans l'univers des FinTechs, et de devenir elle-même une FinTech.
Les banques ne développent pas leur solution en interne ?
Pas toutes ! Beaucoup de banques n'ont pas développé ces solutions en interne, elles ont acheté des projets. Nous avons donc des concurrents qui existent depuis longtemps.
Ensuite, il y a des banques qui ont opté pour le développement en interne. Par exemple, nous avons un client en Flandre qui a construit sa propre solution en interne. Maintenant, il se rend compte qu'il n'est plus à jour et doit décider s'il veut tout refaire en interne ou gagner beaucoup de temps en nous rejoignant.
Le développement d'une plateforme de crédit prend du temps, et nous avons mis du temps à la développer. Nous sommes à la fois des experts en numérique et en finance, car il faut être les deux. Ce qui complique davantage les choses, c'est que le numérique est déjà complexe en soi, et que dans le secteur du crédit, il y a de nombreuses spécificités, réglementations, et façons de faire. Il est donc difficile de trouver une entreprise capable de réunir ces deux aspects sans coûter une fortune.
Ce que nous apportons à une banque, c'est la possibilité de reconstruire entièrement son système en mode numérique. Un autre exemple est le customer journey, c'est-à-dire le parcours du client. On en parle souvent, mais on parle moins du journey de l'employé, qui a également besoin d'outils de travail efficaces. Avec notre solution, tout étant numérique, même le back office d'une banque peut être géré depuis un smartphone. J’exagère un peu en disant cela, mais du point de vue métier et technique, nous avons une grande flexibilité.
Tu aurais un cas d'usage à nous présenter?
De manière générale, il faut comprendre l'extrême complexité d'un parcours de crédit. Nous avons tous souscrit à des crédits, mais nous ne voyons que la partie émergée de l'iceberg, à savoir le moment où nous fournissons tous les documents, les fiches de paie, ou pour notre entreprise, les bilans. Nous voyons aussi que les paiements sont prélevés chaque mois, mais nous ne nous rendons pas compte de l'ultra-complexité et du nombre de sujets à traiter pour en arriver là.
Il faut vraiment imaginer que la partie simulation peut varier énormément. Nous avons intégré des partenaires qui possèdent leurs propres simulateurs et qui vont intégrer des API. Ensuite, il faut également tenir compte du fait que l'intégration n'est pas la même si nous simulons des voitures, des grues, un crédit à la consommation ou un prêt immobilier. Par exemple, si nous traitons des prêts immobiliers, nous intégrons des sites de vente de biens immobiliers et des outils d'évaluation des prix des maisons. Il y a de nombreux paramètres à prendre en compte en amont. Tout cela concerne uniquement la partie simulation.
À ce stade, supposons que le client a soumis une première demande, quelqu’un doit intervenir pour compléter le dossier et ajouter des pièces. Cela se fait en partie à distance et en partie en agence. Ensuite, il y a des personnes en charge de vérifier que tout est en ordre. Au moins 5 ou 6 personnes ont déjà contribué au dossier.
Maintenant, il faut évaluer le risque et attribuer un score. Nous agrégeons toutes ces informations, prenons une décision. Une fois que tout est validé, il faut procéder au décaissement. L'argent peut être transféré à un fabricant ou directement au client s'il s'agit d'un crédit à la consommation. Il peut être versé en plusieurs tranches, et pendant ce temps, les intérêts commencent à courir. Il existe de nombreux calculs complexes à prendre en compte.
Après cela, tout se déroule assez bien pour la plupart des dossiers. Les paiements mensuels sont prélevés, et le dossier parvient à son terme. Mais il peut y avoir d’autres problèmes, nous passons alors au recouvrement des impayés avec des intégrations de partenaires.
Voilà, c'est un cas d'usage concret, un véritable système de crédit. Notre plateforme couvre donc l'ensemble de ce processus, 100% numérique, 100% basée sur des API, facile à intégrer, et nous pouvons réaliser un projet en 6 mois à 1 an, contrairement aux 3 ans que l'on voyait auparavant. C'est là que réside la valeur ajoutée de Basikon.
Vous couvrez donc tout le cycle de vie du financement, de l'ouverture où il y a des process de KYC, jusqu'à la fin et les problématiques de recouvrement, c'est bien ça ? Tout-en-un ?
Oui, mais ce n'est pas vraiment tout-en-un au sens strict, car ce n'est pas obligatoire d'utiliser tous les composants. Tout est possible, mais grâce à notre approche modulaire basée sur des API, certains clients ne choisissent que les éléments qui les intéressent. Mais oui, nous proposons l'option tout-en-un si c'est nécessaire.
En fait, nous proposons même davantage, car nous avons des clients qui ont initialement déployé notre plateforme pour un usage spécifique, avant de réaliser que leur système d'information actuel n'était pas optimal. Un client nous a demandé si nous pouvions reconstruire entièrement son système d'information à l'aide de la plateforme Basikon. Nous avons accepté le défi et avons lancé le projet. Ce n'est pas le cœur de notre métier, mais notre plateforme est suffisamment riche pour permettre des configurations et du développement rapide.
Notre plateforme couvre l'ensemble du système de crédit, mais elle va au-delà, car elle peut être étendue pour gérer un éventail complet de processus métier.
Vous en êtes où à l'heure actuelle ?
On a une quarantaine d'employés, plus des centres de services de partenaires intégrateurs dans plusieurs pays d'Europe. Dès le départ, on avait cette vision européenne. Et puis on a des centres de services en Afrique également.
On commence à s'intéresser aux Amériques, au pluriel. On est assez fort en Espagne, alors on se dit qu'on va aller en Amérique latine, et ne pas s'intéresser qu'à celle du nord. On va faire les deux.
On a toujours été rentable, on n'a jamais vraiment levé l'argent. On a un peu de fonds qui sont venus de Business Angels, mais on n'est pas passé par l'étape du VC qui met X dizaines de millions d'euros.
Tous les bilans de Basikon sont rentables. On a une situation où on se possède nous-mêmes. Ce sont des employés, des associés qui possèdent Basikon. Ceci dit, on va sûrement passer à l'étape supérieure l'année prochaine. On a approuvé le business model, on a un bon chiffre d'affaires qui croît x2, x3 chaque année. On est dans une bonne situation pour intéresser les investisseurs.
C'est intéressant, on aura l'occasion de reparler de vos enjeux à la fin. Tu as pas mal parlé d'intégrations, d'API, ce sont vraiment des choses qui sont en train de remodeler la finance d’aujourd’hui. Quelle est ta vision là-dessus ? Comment l'écosystème est-il en train de se transformer ?
Lorsque les API sont arrivées, le monde est devenu beaucoup plus simple. Tout est beaucoup plus efficace. On peut intégrer des API en quelques jours. Il ne faut plus prendre ça comme une chose de compliquée. L'API devient centrale, c'est pour ça que nous sommes très contents d'avoir une approche qui est 100% API. Ce n'est plus quelque chose qui permet d'interconnecter des systèmes, ça devient le système, et c’est l'avenir.
La deuxième chose qui va se passer également, c'est que faire un système, c'est trop long, c'est trop cher. Je pense donc que l'IA va prendre de plus en plus de place et qu’elle va être capable de développer un système from scratch. On a déjà des collaborateurs qui l'utilisent pour générer du code parce qu'on a une façon de travailler qui est beaucoup plus structurante.
Très intéressant ! On a commencé à en parler : quels sont vos enjeux années à venir ? Où aimerais-tu mener Basikon ?
Il y a un acteur qui est un modèle pour nous, c’est Salesforce. Ils avaient au départ créé une application métier, et ensuite, ils ont utilisé l'infrastructure qu'ils avaient mise en place pour bâtir quelque chose qui s'appelle Force.com.
On est dans cette espèce d'approche de dire qu'on va être le Salesforce du crédit, et on le prouve tous les jours parce qu'on lève beaucoup d'intérêt auprès des clients qui sont embourbés justement dans cette problématique : “J'ai un système qui n'est pas digital, je ne suis pas agile, ça me coûte trop cher, je ne trouve pas de ressources pour le maintenir”. Donc pour moi, il y a un espace, on a les références prestigieuses, on a la volumétrie, on a la sophistication, il n'y a plus qu'à dérouler. On commence à se déployer maintenant sur des time-zones qui ne sont pas centrées sur l'Europe. Nous voulons devenir le numéro un mondial de la plateforme SaaS de crédit.
Vous voulez vous étendre à d'autres choses et devenir une Core Banking Platform, ou rester uniquement sur le financement ?
Alors, nous ne sommes pas que dans le financement. On a des espèces d'activités un peu périphériques, mais centrées sur des clients qui font du financement.
De plus en plus de clients, en voyant la puissance de la plateforme, nous sollicitent sur des sujets périphériques. On se retrouve à faire des choses assez étonnantes. On a un client qui s'occupe d'accompagner les TPE à travers toute la France. Ce client a des besoins digitaux forts pour le coaching de ses TPE. On s'est retrouvés à bâtir un système de suivi de toute la structure financière d'une TPE. Comme ça coûte du temps, ils nous ont demandé de faire un système de feuilles de temps pour pouvoir évaluer dans quel projet les collaborateurs passent du temps.
On a un client, qui est une banque, qui nous a demandé de bâtir un Core Banking. Donc on est en train de mettre en production un système complet de Core Banking. Petit à petit, on se retrouve dans une situation où l’on peut adresser tous les métiers de la banque et pas seulement le financement.
Un dernier mot pour terminer ?
Eh bien, n'hésitez pas à me contacter si vous vous intéressez au projet et que vous voulez travailler avec nous sur cette belle vision, ou si vous êtes embourbé dans votre système de financement et que vous avez besoin d'une solution rapide et facile à mettre en place.
Un grand merci à Thomas pour cette interview. Rendez-vous la semaine prochaine pour parler d’investissement dans l’immobilier de luxe ! 🎙️🎙️