đïžâïž GĂ©rer des flux financiers complexes
Avec Anne-Sybille Pradelles, co-fondatrice de Formance.
Hello tout le monde đ
Pour commencer aujourdâhui, une petite actuâ sur mes offres ! Ăa fait quelque temps que jâai lancĂ© cette newsletter personnelle, et câest certainement une de mes meilleures dĂ©cisions (merci Ă vous tous de me suivre, on est Ă deux doigts dâĂȘtre 1200 â€ïž). Je rĂ©ussis, je lâespĂšre, Ă crĂ©er un rendez-vous sympa avec vous tous les dimanches, ce qui est une source dâopportunitĂ©s incroyable pour moi !
Fort de cette expĂ©rience, je souhaite spĂ©cialiser mes services de ghostwriting dans la rĂ©daction de newsletters personnelles pour fondateurs et cadres de fintechs. Lâobjectif : vous rendre visible auprĂšs de leads, dâinvestisseurs et de mĂ©dias, en crĂ©ant un vĂ©ritable rendez-vous avec votre audience, plutĂŽt quâen Ă©tant noyĂ© dans un fil dâactualitĂ© sur LinkedIn. đ
Alors, si ça vous intĂ©resse, ou si vous connaissez quelquâun qui pourrait lâĂȘtre, nâhĂ©sitez pas Ă rĂ©pondre directement Ă ce mail. đ
Suffisamment parlé de moi, parlons maintenant de mon invitée du jour !
Elle Ă©tait la COO dâune startup qui est passĂ©e de 3 Ă 120 personnes en 4 ans, avant une belle revente ! đ€©
Maintenant, elle se lance dans une nouvelle aventure avec une fintech qui propose un framework Open Source pour la gestion des flux financiers⊠Sacré sujet !
Si vous voulez tout comprendre au jargon des flux financiers, cette Ă©dition est faite pour vous !
Mon invitée du jour est Anne-Sybille Pradelles, la co-fondatrice de Formance.
Au programme de notre discussion :
Scaler une startup de 3 Ă 120 personnes đ
Les Ledgers Open Source đ¶
GĂ©rer la complexitĂ© des flux financiers âïž
Les enjeux de Formance âĄïž
â±ïž Temps de lecture : 7 minutes
Salut Anne-Sybille ! Pour commencer, comment en es-tu arrivĂ©e Ă devenir co-fondatrice de Formance ?Â
Hello Thomas ! Avant de mâaventurer dans le monde des paiements et des fintechs, jâai commencĂ© ma carriĂšre dans le secteur de la cybersĂ©curitĂ©. Avant de co-fonder Formance, j'ai occupĂ© le poste de directrice des opĂ©rations dans une startup cyber, Alsid. Nous avons fait grandir l'entreprise de 3 Ă 120 employĂ©s en quatre ans, et dĂ©veloppĂ© rapidement notre prĂ©sence Ă lâinternational. Nous nous sommes fait racheter au bout de quatre ans, par un gros vendor amĂ©ricain qui sâappelle Tenable. Ă ce moment-lĂ , je savais que je voulais repartir de zĂ©ro et c'est pendant la phase d'intĂ©gration post acquisition que j'ai rencontrĂ© mon associĂ©, ClĂ©ment, grĂące Ă un founder, qui est Ă©galement business angel chez nous.Â
ClĂ©ment, lui, connaissait trĂšs bien le space des paiements et avait connu dans sa prĂ©cĂ©dente expĂ©rience, chez Selency - marketplace pour le mobilier de seconde main - des problĂ©matiques autour des paiements pour lesquelles Ă lâĂ©poque il nâavait pas trouvĂ© de solutions adĂ©quates. ClĂ©ment Ă©tait en charge de lâinfrastructure financiĂšre de la marketplace et cherchait une solution sur Ă©tagĂšre pour gĂ©rer des flux financiers de plus en plus complexes et des volumes de transactions de plus en plus consĂ©quents. Et câest partant de cette frustration de ne pas avoir de solution clĂ© en main pour construire et tracker des flux monĂ©taires propres Ă problĂ©matiques mĂ©tiers spĂ©cifiques, quâil a commencĂ© Ă explorer cette idĂ©e en intĂ©grant Y Combinator au moment oĂč lâon terminait la phase post-merger avec Tenable.
Il ne sâagit plus uniquement de pouvoir accepter les paiements sur son application ou plateforme mais offrir de nouvelles fonctionnalitĂ©s et expĂ©riences produit plus personnalisĂ©es autour.
Intéressante cette expérience chez Alsid ! Peux-tu nous en dire plus sur ton rÎle dans cette startup ?
Chez Alsid, jâai eu la chance de pouvoir toucher Ă beaucoup de sujets et voir leurs Ă©volutions au fur et Ă mesure de nos stades de dĂ©veloppement et maturitĂ©.
Les deux premiĂšres annĂ©es, de la phase de Seed Ă la sĂ©rie A - oĂč nous sommes passĂ© dâune team de 3/4 Ă une trentaine de personnes - je mâoccupais de tout ce qui Ă©tait du domaine non technique. J'Ă©tais impliquĂ©e dans les opĂ©rations de vente, les opĂ©rations en gĂ©nĂ©ral, nos partenariats avec les revendeurs / intĂ©grateurs, les ressources humaines et le marketing. Mon travail Ă©tait de prendre un sujet, d'Ă©tablir les bases et, une fois que cela commençait Ă fonctionner, de recruter quelqu'un de plus expĂ©rimentĂ© que moi dans ce domaine.Â
Au bout de deux ans, quand nous avons commencé à avoir des équipes structurées, je suis devenue directrice des opérations, COO. J'avais alors vraiment mon équipe, et c'était à moi de la faire grandir. J'étais responsable de toute la gestion du cycle de vie post-vente des clients, des aspects techniques et des opérations internes comme les opérations de vente et les processus internes. Cela a duré jusqu'à la revente, juste avant la série B, une étape que nous n'avons finalement pas franchie.
Puis au moment de lâacquisition, jâĂ©tais impliquĂ©e dans les sujets de post merger pendant 1 an oĂč lâenjeu Ă©tait dâintĂ©grer les Ă©quipes, les processes et tout ce quâon avait construit pendant 4 ans chez Alsid dans une entreprise amĂ©ricaine, cĂŽtĂ©e au Nasdaq, Tenable - ce qui avait son lot de challenges, hyper intĂ©ressant et hyper formateur.Â
Toi qui as connu ça, quel a Ă©tĂ© le principal ingrĂ©dient pour rĂ©ussir Ă scaler comme ça, notamment en termes dâorganisation et de recrutement ?Â
Je pense quâune de nos forces a Ă©tĂ© dâĂ©tablir dĂšs le tout dĂ©but et mettre par Ă©crit des V1 de tout, qui nous ont servi de base pour itĂ©rer dessus au fur et Ă mesure de la croissance dâAlsid, que ce soit lors de lâexpansion Ă lâinternational ou bien la croissance de la team : les process internes, les frameworks de POC, notre modĂšle de vente indirecte via des revendeurs / intĂ©grateurs, etc. Puis, une fois que nous pensions avoir une V1 suffisamment solide, nous avons recrutĂ© rapidement des personnes beaucoup plus qualifiĂ©es que nous au bon moment. Cela ne signifie pas nĂ©cessairement qu'elles devaient ĂȘtre extrĂȘmement seniors, mais plutĂŽt spĂ©cialisĂ©es dans leur domaine pour qu'elles puissent s'occuper de la V2.
Ce qui a Ă©tĂ© clĂ© Ă©galement, ça a Ă©tĂ© de suivre ce qui Ă©tait market practice dans notre industrie, notamment en termes de stratĂ©gie de vente et canaux de distribution. Dans le secteur de la cybersĂ©curitĂ©, le modĂšle de vente indirecte, via des revendeurs / intĂ©grateurs, est trĂšs rĂ©pandu. AprĂšs avoir signĂ© nos trois premiers clients en direct, nous avons mis en place ce modĂšle de vente, qui nous a permis notamment de rapidement pouvoir nous Ă©tendre Ă lâinternational, en rĂ©pliquant ce modĂšle, Ă©prouvĂ© tout dâabord en France, sur chaque plaque gĂ©ographique (APAC, EU, US).Â
Pour rebondir sur lâaspect international, ce qui a Ă©tĂ© clĂ© Ă©galement je pense, câest le recrutement dâĂ©quipes Ă lâinternational, relativement tĂŽt dans le stade de dĂ©veloppement dâAlsid. Au bout dâun an, nous avions recrutĂ© une Ă©quipe basĂ©e Ă Hong-Kong et Singapour pour ouvrir le marchĂ© APAC. Quelques mois plus tard, une nouvelle Ă©quipe GTM, composĂ©e de sales et pre-sales, au UK. Et nous avions ouvert les US 3 ans aprĂšs la crĂ©ation dâAlsid avec une partie de la team initiale, dont le CEO, qui avait dĂ©mĂ©nagĂ© sur place.Â
On passe Ă Formance ? Sur votre site, vous parlez d'Open Source Ledger. Peux-tu nous dire ce quâest un ledger, et ce quâest l'open source ?Â
Pour en dire un peu plus, notre activitĂ© ne se limite pas uniquement Ă un ledger, elle va au-delĂ . Tout dâabord, si nous examinons de plus prĂšs cette composante ledger que nous dĂ©ployons aujourd'hui pour nos utilisateurs et chez nos clients : ils cherchent un system of record, une base de donnĂ©es pour l'ensemble de leurs transactions financiĂšres, monĂ©taires et mĂȘme d'assets. Les entreprises qui nous utilisent, des plateformes et des fintech, ont des problĂ©matiques complexes de gestion de flux en interne et ont besoin d'une vue consolidĂ©e, extrĂȘmement dĂ©taillĂ©e et granulaire, pour savoir, par exemple, par quel canal tel montant est entrĂ© ou sorti. Ăa peut typiquement entrer par Stripe et sortir par PayPal ou entrer par Stripe dans un systĂšme de cartes cadeaux, puis transfĂ©rer le montant de ces cartes cadeaux directement sur le compte bancaire du marchand.
Ils veulent donc cette base de donnĂ©es pour gĂ©rer la complexitĂ© de diffĂ©rentes sources et destinations via des PSP, des banques, des brokers⊠un data layer unifiĂ© "unopinionated" (sans opinion) et agnostique, permettant de modĂ©liser et dâimplĂ©menter tout type de flux, quâimportent leurs spĂ©cificitĂ©s, propres Ă des problĂ©matiques mĂ©tiers prĂ©cises. Aujourd'hui, les entreprises qui nous utilisent n'ont pas toutes exactement la mĂȘme stack. Certaines vont utiliser Stripe, d'autres Adyen, dâautres auront besoin de se connecter Ă Alpaca, un broker par exemple. Avoir une approche agnostique de cette base de donnĂ©es signifie qu'elles peuvent intĂ©grer tous leurs providers et construire des flux d'argent qui correspondent trĂšs prĂ©cisĂ©ment Ă leur cas d'usage.
Cette vision trÚs axée sur le produit est importante parce que nous parlons à des équipes de développeurs et des équipes produit qui viennent à nous pour ce data layer unifié et agnostique. Puis, ce qu'ils nous expliquent, c'est qu'ils vont ensuite agréger des données spécifiques pour les équipes financiÚres ou comptables. Le ledger est également la base de toutes les problématiques de double-entry accounting. Typiquement, nous nous connectons à des outils comme Sage, NetSuite, qui sont des ERP et des outils qui vont gérer la comptabilité. La source numéro un de ces outils, c'est ce qui sort du ledger, la data brute, mais que nous structurons de telle maniÚre qu'ensuite, elle puisse alimenter de maniÚre optimisée ces outils.
Pourquoi avoir un ledger aujourdâhui ?Â
La raison pour laquelle un ledger a du sens aujourd'hui et pourquoi des fintechs et des plateformes viennent vers nous, câest du fait quâelles souhaitent de plus en plus offrir des produits et expĂ©riences autour des paiements trĂšs spĂ©cifiques, personnalisĂ©s, dĂ©livrĂ©s au bon moment et au bon endroit. Ces applications, qu'elles soient des fintech ou des plateformes, ne proposent plus seulement une solution unique, mais elles tendent vers une hybridation de leurs offres. Et c'est cette nouvelle rĂ©alitĂ© que nous observons au quotidien auprĂšs des entreprises avec qui nous travaillons. Nous constatons une hybridation croissante des modĂšles financiers.Â
D'une part, des plateformes et des SaaS, avec des produits existants, qui cherchent Ă augmenter leur proposition de valeur en intĂ©grant des services financiers. Cette tendance est drivĂ©e bien entendu de maniĂšre sous-jascente par lâembedded finance. Et cela touche toutes les industries; nous parlons aussi bien Ă des entreprises dans le secteur de lâe-commerce, des SaaS dans le secteur de la beautĂ© ou encore dans le secteur musical; qui ont des cas dâusage autour des paiements et des produits financiers quâelles intĂšgrent trĂšs spĂ©cifiques et qui souhaitent les modĂ©liser, les implĂ©menter et les leverager de maniĂšre optimale tout en gardant le contrĂŽle dessus.Â
CĂŽtĂ© fintech, ce que lâon voit se dessiner câest dâune part cette nouvelle gĂ©nĂ©ration de fintech, dĂ©veloppant des applications et produits de plus en plus spĂ©cifiques pour un cas dâusage prĂ©cis, comme des applications bancaires spĂ©cialisĂ©es pour les gestionnaires de biens immobiliers. Dâautre part, chez les acteurs dĂ©jĂ Ă©tablis sur leur marchĂ©, la course Ă la super app, rassemblant une vaste gamme de fonctionnalitĂ©s et services, gĂ©nĂ©ralement intĂ©grĂ©s grĂące Ă un systĂšme de paiement unifiĂ©.Â
Câest vrai quâil y a une tendance pour les fintechs matures Ă devenir horizontales, ce qui est bĂ©nĂ©fique pour vous finalement ?Â
Le terme qui revient souvent avec nos clients et entreprises avec qui nous discutons, qu'il s'agisse de fintechs ou de plateformes, c'est qu'elles développent des use cases et offrent des services et plateformes de plus en plus hybrides et sophistiqués. Par exemple pour le cas des fintechs, elles ne se limitent pas à offrir un compte bancaire, mais proposent également d'investir dans différentes classes d'actifs, fournissent des vues de reporting pour gérer de maniÚre consolidée leur portefeuille ou leurs différents comptes bancaires.
Câest cette tendance de fond qui oblige ces entreprises Ă devoir repenser leur stack financiĂšre, ou une partie de lâinfrastructure financiĂšre, afin de pouvoir sâadapter Ă ces nouveaux modĂšles et aux nouveaux produits et features quâelles intĂšgrent, et combinent les uns avec les autres. Et cela fait tout Ă fait sens avec lâĂ©volution et le stade de dĂ©veloppement que lâon a atteint aujourdâhui dans lâindustrie des paiements : il ne sâagit plus uniquement de pouvoir accepter les paiements sur son application ou plateforme mais offrir de nouvelles fonctionnalitĂ©s et expĂ©riences produit plus personnalisĂ©es autour. Et, dans la grande majoritĂ© des cas, le point de dĂ©part des entreprises avec qui nous travaillons est le ledger, leur permettant de modĂ©liser, construire et combiner des flux financiers prĂ©cis et souvent complexes sur une base de donnĂ©es unique, qui a Ă©tĂ© pensĂ©e et structurĂ©e pour la gestion de transactions monĂ©taires et financiers complexes et Ă grande Ă©chelle.Â
Ces entreprises combinent et orchestrent gĂ©nĂ©ralement plusieurs prestataires de paiements et bancaires, et doivent intĂ©grer Ă©galement dâautres prestataires qui sont propres Ă leur industrie.Â
C'est lĂ qu'intervient notamment l'intĂ©rĂȘt d'avoir une approche open source. Quand tu es au niveau infrastructure, ta proposition de valeur est de pouvoir connecter toute ta stack sur une data base agnostique.Â
Donc, open source, c'est permettre à vos clients de ne pas revenir vers vous à chaque fois qu'il faut modifier quelque chose dans l'infrastructure car ils peuvent le faire de leur cÎté ?
C'est ça ! Ce point rejoint un autre aspect clĂ© pour toutes les entreprises qui nous ont dĂ©ployĂ©s, celui de pouvoir vraiment avoir la main et contrĂŽler un composant core dans leur stack financiĂšre. Aujourd'hui, les ledgers sont soit intĂ©grĂ©s par un fournisseur tiers, soit construits en interne. Ă un certain stade, elles nous disent qu'elles ont intĂ©grĂ© de nombreux fournisseurs et qu'elles veulent ce âunified data layerâ. Dans de nombreux cas, elles n'ont pas le choix. La plupart des entreprises avec lesquelles nous travaillons et chez qui nous dĂ©ployons sont des business rĂ©gulĂ©s. La majoritĂ© d'entre elles doivent dĂ©ployer un ledger en propre, sur-site, sans dĂ©pendre d'un fournisseur tiers dans le cloud, par exemple.
Nous avons rapidement compris que ce qui Ă©tait critique pour nous, c'Ă©tait d'offrir diffĂ©rents types d'hĂ©bergement, notamment un hĂ©bergement oĂč ce n'est pas 100% chez nous, mais soit entiĂšrement chez eux, soit en mode hybride, âCloudPremâ. Dans ce mode, la data critique du ledger est hĂ©bergĂ©e chez eux, mais nous offrons une expĂ©rience proche d'un cloud, d'un SaaS. La data non critique est chez nous, ce qui leur permet de simplifier les dĂ©ploiements et l'utilisation quotidienne du produit.
La partie open source s'inscrit dans un besoin global de contrĂŽle et d'ownership de cette brique critique. Nous rĂ©pondons Ă ce besoin car, d'une part, nous sommes open source, donc les clients ont accĂšs Ă la code base et peuvent la modifier pour des besoins de connectivitĂ© par exemple. Ils ne voient pas Formance comme une boĂźte noire, mais plutĂŽt comme quelque chose qu'ils peuvent faire Ă©voluer. En plus de cela, le fait que cela puisse ĂȘtre hĂ©bergĂ© chez eux, en combinaison avec notre approche open source, rend notre offre attrayante pour des entreprises trĂšs rĂ©gulĂ©es ou de grande taille. Plusieurs fois, on nous a dit clairement qu'elles ne nous auraient mĂȘme pas envisagĂ©s si nous n'Ă©tions pas open source.
Ok, c'est super intĂ©ressant ! Une entreprise comme Stripe se dĂ©veloppe trĂšs rapidement dans les paiements, devient horizontale comme nous disions... Est-ce que tu penses quâils vont devenir un concurrent Ă l'avenir pour vous ?Â
Le premier point qui nous diffĂ©rencie de Stripe, si on regarde la chaĂźne de valeur du paiement, c'est que Stripe reprĂ©sente vraiment la premiĂšre Ă©tape permettant d'accepter les paiements en ligne. Nous, nous sommes la brique infrastructure. Donc, Ă partir du moment oĂč tu as reçu, par exemple, 30 dollars sur ton compte Stripe Connect suite Ă une commande â imaginons que tu es un Uber Eats â c'est Ă toi de gĂ©rer la rĂ©partition des flux entre, par exemple, le chauffeur, le restaurant, ta commission.
Aujourd'hui, on observe plusieurs choses : les entreprises avec lesquelles nous parlons n'utilisent généralement pas qu'un seul fournisseur de paiement, mais plusieurs. Elles peuvent se connecter directement au réseau bancaire ou intégrer plusieurs prestataires de services de paiement pour des questions de dépendance ou de couverture, entre autres. Les entreprises qui utilisent exclusivement Stripe en entrée ou en sortie ne sont pas notre cible principale, car Stripe peut gérer tout de bout en bout. Mais dÚs que tu commences à multiplier et complexifier ta stack financiÚre, à intégrer de nouveaux produits financiers et features produit autour, tu as besoin de cette pierre angulaire indépendante et agnostique. Nous sommes cette brique qui permet de consolider tout ce qui entre et sort, et pas seulement de Stripe.
Notre proposition de valeur est de dire que, quelles que soient la complexitĂ© et la diversitĂ© de ta stack et de tes flux financiers, nous sommes cette pierre angulaire agnostique, qui te permet de garder une source de vĂ©ritĂ© en interne ainsi que le contrĂŽle sur lâensemble des entrĂ©es et sorties.
Plus elle est complexe, plus vous avez de valeur, mĂȘme, finalement.Â
Totalement. si une entreprise vient Ă nous en disant qu'elle utilise uniquement Stripe pour ses entrĂ©es et sorties et que ses flux sont trĂšs simples â c'est-Ă -dire, par exemple, qu'elle reçoit un paiement et le divise simplement en deux â alors, effectivement, il n'est pas pertinent d'utiliser Formance.Â
L'utilisation de Formance devient pertinente quand une entreprise a, d'une part, une stack complexe, et d'autre part, une rĂ©partition et gestion des flux basĂ©e sur une logique mĂ©tier elle-mĂȘme complexe. Cela a d'autant plus de sens quand une entreprise a dĂ©jĂ atteint un certain niveau de maturitĂ© et, par exemple, si elle a une prĂ©sence globale avec des PSP globaux, rĂ©gionaux, et un ensemble de fonctionnalitĂ©s financiĂšres dĂ©veloppĂ©es par plaque gĂ©ographique. Nous avons eu un cas pour l'Europe, et une entreprise qui voulait Ă©tendre son offre en Asie, nĂ©cessitant l'intĂ©gration d'un BaaS pour le marchĂ© asiatique. Dans ces situations, il est d'autant plus crucial d'avoir ce niveau de prĂ©cision, et dâavoir une vision vraiment globale pour les Ă©quipes d'ingĂ©nierie et les Ă©quipes financiĂšres qui ont besoin d'avoir la bonne data en temps rĂ©el.
On a beaucoup parlĂ© du ledger, mais tu as dit que vous faisiez d'autres choses Ă©galement ?Â
Oui, nous offrons toute une stack, une suite de modules sâarticulant sur le Ledger open source. Il est essentiel de voir le ledger comme le cĆur, la fondation. C'est vraiment le data layer, une base de donnĂ©es, sur laquelle nous ajoutons deux types de modules.
Dâabord, des modules plutĂŽt horizontaux, comme la rĂ©conciliation des flux ou lâautomatisation de workflows. Ce sont des modules qui concernent n'importe quel type d'industrie dĂšs lors qu'il y a plusieurs sources et destinations diffĂ©rentes.Â
Et puis, des modules plus verticaux, destinĂ©s Ă une industrie spĂ©cifique. Par exemple pour les plateformes dans lâe-commerce nous dĂ©veloppons un module de gestion des commissions. Cela nĂ©cessite de construire des flux spĂ©cifiques en top de votre ledger. Nous prĂ©-emballons ces flux pour gĂ©rer des use cases spĂ©cifiques Ă une verticale.
La stack que lâon construit est conçue pour catalyser l'hybridation et la crĂ©ativitĂ© des nouveaux modĂšles financiers que nous voyons Ă©merger, que ce soit chez les plateformes, SaaS ou fintechs. Notre approche repose sur des modules distincts et modulaires, pouvant combiner les uns avec les autres, offrant une flexibilitĂ© totale dans lâĂ©laboration et la gestion de scĂ©narios financiers spĂ©cifiques et complexes.Â
Pour terminer, quels sont vos enjeux sur les années qui arrivent ?
Pour donner une vue d'ensemble, cela fait deux ans que Formance existe. La premiĂšre annĂ©e nous a permis de construire la V1 de notre produit et obtenir des certifications clĂ©s comme SOC2 et ISO27001 et de dĂ©ployer notre produit chez nos premiers utilisateurs.Â
Sur le long terme, lâenjeu principal pour Formance câest de sâĂ©tablir comme le framework open-source de rĂ©fĂ©rence pour le design et la gestion des flux financiers, afin de permettre aux fintechs et plateformes de rendre possible et concrĂšte leur vision produit, quâimporte la complexitĂ© et spĂ©cificitĂ© de leur flux financiers, sur des bases solides et durables.Â
Un grand merci Ă Anne-Sybille pour cette super interview ! La semaine prochaine, on dresse avec mon invitĂ© un bilan de lâĂ©cosystĂšme fintech en 2023 et ses perspectives.