La future app n°1 sur votre smartphone ? đ±đ
Avec Benjamin Chemla, co-fondateur & CEO de Shares.
Salut tout le monde đ
Cette semaine, jâai le plaisir de recevoir un serial entrepreneur : Benjamin Chemla !
AprĂšs avoir lancĂ© 3 entreprises, Benjamin se lance dans les fintechs avec Shares pour dĂ©mocratiser le monde de lâinvestissement.
La fintech a levĂ© 86 000 000⏠depuis son lancement en 2021, compte 120 000 clients au UK et en France, et a mĂȘme les cĂ©lĂšbres sĆurs Williams pour ambassadrices !
Benjamin nous explique tout sur leur ambition de se positionner comme lâapp n°1 sur lâĂ©cran de nos smartphones !
Au programme :Â
LâĂ©ducation financiĂšre đ
Le business model des plateformes đ¶
Devenir une super app⊠ou pas đ±
Les enjeux de Shares đ
â±ïž Temps de lecture : 6 minutes
Salut Benjamin, pourrais-tu te prĂ©senter pour commencer ?Â
Salut Thomas, je m'appelle Benjamin Chemla. J'ai 35 ans et je suis entrepreneur depuis plus de 10 ans. Au départ, j'étais destiné à devenir avocat. J'ai obtenu le barreau en 2011, mais je suis finalement devenu entrepreneur.
Pour faire court, avant Shares, j'ai lancĂ© trois entreprises. Ma premiĂšre entreprise, Citycake, fondĂ©e en 2012, Ă©tait spĂ©cialisĂ©e dans la livraison de pĂątisseries et de chocolats. Nous avons ensuite fusionnĂ© avec Resto-in, oĂč je suis devenu General Manager. En 2014, j'ai fondĂ© Stuart, que j'ai dĂ©veloppĂ© dans plusieurs pays. Nous avons levĂ© 22 millions d'euros et avons fini par vendre l'entreprise au groupe La Poste. En 2017, je suis parti vivre aux Ătats-Unis, oĂč j'ai lancĂ© Fithouse, un concept de salles de sport. Cette aventure a pris fin avec l'intervention du Covid. Je suis ensuite rentrĂ© en France, et je suis maintenant le co-fondateur et CEO de Shares, qui est une plateforme d'investissement disponible dans 27 pays en Europe.
âAu UK, ils ont une adoption de l'investissement au berceau. Ils intĂšgrent trĂšs tĂŽt la logique d'investissement, câest dans leur ADN. Ăa rĂ©duit leur coĂ»t d'acquisition, mais rend en mĂȘme temps la fidĂ©lisation plus difficile.â
Tu peux nous en dire plus sur Shares ?Â
Notre mission est de dĂ©mocratiser l'investissement, et de crĂ©er la meilleure expĂ©rience d'investissement et d'Ă©pargne au monde.Â
J'ai notamment dĂ©couvert le monde de l'investissement pendant le Covid. Ma courbe d'apprentissage s'est faite de façon assez indĂ©pendante, notamment sur les rĂ©seaux sociaux. J'ai vraiment adorĂ© poser des questions aux communautĂ©s, lire des articles, des posts. J'ai commencĂ© Ă trader en ligne, Ă investir, et ce que j'ai vĂ©cu en 2021 a Ă©tĂ© un peu le MVP pour crĂ©er une plateforme d'investissement rĂ©gulĂ©e, oĂč je peux Ă©changer avec dâautres investisseurs. Une plateforme âpowered by communityâ.
Nous avons des traders expĂ©rimentĂ©s sur Shares que tu peux suivre et qui sont visibles par dĂ©faut. Pour les autres, il faut ĂȘtre en contact et nous cachons les montants. Par exemple, Thomas, je ne veux pas savoir combien d'argent tu as, mais si on est en contact, je vais connaĂźtre ton allocation. Pour ceux qui sont plus passifs, nous proposons de la gestion programmĂ©e, oĂč tu peux opter pour un plan programmĂ©, et verser X euros sur des portefeuilles modĂšles.Â
L'idĂ©e est de fournir vraiment la meilleure expĂ©rience d'investissement, la plus accessible. Nos frais de transaction sont de 1⏠par transaction. Notre objectif est d'ĂȘtre extrĂȘmement agressif sur les prix et novateur, en favorisant l'Ă©ducation financiĂšre. Les plans programmĂ©s sont eux totalement gratuits.
Justement, il y a quelques semaines, une pĂ©tition a Ă©tĂ© signĂ©e par de nombreux acteurs de la finance pour inciter le gouvernement Ă aller plus loin en matiĂšre dâĂ©ducation financiĂšre. Quâest-ce quâon peut faire selon toi ?
C'est une trĂšs bonne question. Nous sommes Ă©videmment co-signataires de cette initiative, portĂ©e et relayĂ©e au sein de France Fintech, qui regroupe la plupart des FinTechs en France, qui font plutĂŽt du bon travail. Selon moi, la dĂ©mocratisation de l'Ă©ducation financiĂšre passe par plusieurs axes.Â
PremiĂšrement, il est essentiel dâen simplifier l'accĂšs. Cela signifie proposer des plateformes simples d'utilisation, avec des ergonomies intuitives, et rendre accessible un plus large Ă©ventail de produits financiers. L'accessibilitĂ© en termes de prix est Ă©galement un point clĂ©.Â
DeuxiĂšmement, l'Ă©ducation financiĂšre joue un rĂŽle important. Elle doit dĂ©buter trĂšs tĂŽt, en enseignant les rudiments. Je pense que ce mouvement est nĂ©cessaire, d'autant plus aujourd'hui oĂč les jeunes sont, dans une certaine mesure, induits en erreur par des contenus sur les rĂ©seaux sociaux qui vĂ©hiculent l'idĂ©e qu'on peut devenir riche en 5 minutes. Ils veulent faire de l'argent rapidement. C'est d'autant plus urgent, je pense, d'arriver trĂšs tĂŽt avec les basiques de l'Ă©ducation financiĂšre, de la fiscalitĂ©.Â
Tu vois une diffĂ©rence de comportements, d'habitudes, entre le UK et la France en termes dâĂ©ducation financiĂšre ?
C'est le jour et la nuit. Au UK, ils ont une adoption de l'investissement au berceau. Ils intĂšgrent trĂšs tĂŽt la logique d'investissement, câest dans leur ADN. Ăa rĂ©duit leur coĂ»t d'acquisition, mais rend en mĂȘme temps la fidĂ©lisation plus difficile. Ils utilisent plusieurs plateformes et sont trĂšs au fait de toutes les possibilitĂ©s d'investissement.Â
Au UK, il existe un Ă©quivalent du PEA français, nommĂ© compte ISA. Son adoption est massive : 70% des investisseurs particuliers possĂšdent un compte ISA. Pour eux, c'est une Ă©vidence. Cela rend le marchĂ© extrĂȘmement intĂ©ressant et explique Ă©galement pourquoi nous avons acquis tant d'utilisateurs si rapidement lĂ -bas. Ils aiment tester de nouvelles choses.
En France, l'adoption est un peu différente, mais elle commence à évoluer. Ce qui est intéressant, c'est que nous avons un marché énorme parce qu'il est en pleine transformation.
Quel est le business model dâune plateforme dâinvestissement ?Â
On dispose de plusieurs lignes de revenus.Â
Notre modĂšle est principalement basĂ© sur les transactions. Nous prĂ©levons un frais de transaction de 1âŹ. Câest donc un modĂšle basĂ© sur le volume. Notre tarification est nettement infĂ©rieure Ă celle des legacy brokers ou des banques.
Ensuite, nous avons Ă©galement la possibilitĂ© de gĂ©nĂ©rer des revenus sur les encours. Cela dĂ©pend du placement des fonds. Par exemple, si l'argent est placĂ© dans un fonds monĂ©taire (money market fund), nous pouvons offrir un retour plus ou moins garanti de 3 Ă 4% Ă nos utilisateurs, et on prend une petite commission. Cette fonctionnalitĂ© arrive trĂšs prochainement. Pour les placements sur des actifs, des actions, nous pourrons recourir trĂšs bientĂŽt au prĂȘt de titres (security lending), oĂč les actifs sont mis Ă contribution. GĂ©nĂ©ralement, une partie des gains est redistribuĂ©e Ă l'utilisateur, et nous en conservons une partie.
Et puis, nous allons bientĂŽt introduire des portefeuilles modĂšles. Pour ce service, nous percevrons des frais de gestion (management fees).
Trade Republic et Robinhood ont sorti des cartes de paiement, avec du cashback. Vous souhaitez prendre la mĂȘme direction ?Â
De nombreuses fintechs aspirent aujourd'hui à devenir une sorte de super app. Certains, comme Revolut, ont débuté avec l'idée d'incarner l'avenir du compte courant. Par la suite, ils ont réalisé qu'ils devaient diversifier leurs sources de revenus et ont donc commencé à proposer des comptes titres. Ils ont progressivement étoffé leur palette de services pour créer ce qu'on appelle une super app. Lydia a commencé avec le transfert d'argent avant d'intégrer des services comme Bitpanda pour offrir des cryptos. Chacun tente d'offrir un éventail complet de services.
Notre approche est un peu diffĂ©rente. On pense pouvoir offrir une valeur bien plus grande dans les domaines de l'investissement et de l'Ă©pargne que nos concurrents, car ils ne font que du compte titre. Ce que nous envisageons, c'est une stratĂ©gie plus verticale. Nous, le compte titre, c'est dĂ©jĂ fait. Ensuite, on prĂ©voit de lancer le compte pro en juin prochain. Si tu es Ă la tĂȘte d'une holding, dâune SASU, un entrepreneur qui gĂšre sa sociĂ©tĂ© via une holding, nous serons en mesure de tâoffrir les mĂȘmes possibilitĂ©s dâinvestissement quâĂ titre personnel.Â
Et puis en fin dâannĂ©e, nous allons lancer le PEA.Â
Toi qui a Ă©tĂ© entrepreneur dans pas mal de secteurs diffĂ©rents, que penses-tu de lâĂ©cosystĂšme fintech ? De son Ă©volution ?Â
Je pense quâen tant quâentrepreneur, plus un challenge est grand, plus lâopportunitĂ© est intĂ©ressante. Quand quelque chose est vraiment compliquĂ©, ça peut dĂ©courager pas mal de gens. Et du coup, ils cherchent des raccourcis.Â
Ce que je trouve gĂ©nial dans la fintech, câest ce niveau de complexitĂ© Ă©levĂ©. Il y a toutes ces rĂšgles, ces contraintes rĂ©glementaires qui peuvent freiner un peu, mais qui, en fin de compte, protĂšgent lâutilisateur. C'est une bonne chose, mĂȘme si ça rend les choses plus difficiles. Par exemple, obtenir notre agrĂ©ment nous a pris 18 mois. Toutes les startups nâont pas les moyens de tenir sans revenu pendant autant de temps.
La fintech rĂ©compense vraiment ceux qui sont les plus dĂ©terminĂ©s, les plus stratĂ©giques, et bien sĂ»r, ceux qui ont rĂ©ussi Ă bien se financer. Contrairement Ă dâautres secteurs oĂč le succĂšs peut parfois dĂ©pendre dâun coup de chance ou dâun bon marketing, dans la fintech, il faut vraiment ĂȘtre prĂȘt Ă sâinvestir Ă fond. Et câest ce qui rend ce secteur tellement passionnant pour moi.
Monter une entreprise, câest dur, câest fatiguant. Comment on garde la motivation et la dĂ©termination quand on a dĂ©jĂ lancĂ© 3 entreprises, et plutĂŽt bien rĂ©ussi ?
J'ai dirigĂ© des entreprises sympas, vĂ©cu de belles aventures, mais bon, je n'ai pas non plus crĂ©Ă© Uber. Je pense que si j'avais fondĂ© Uber, ma rĂ©ponse serait diffĂ©rente. Pour moi, ĂȘtre entrepreneur, c'est un peu comme ĂȘtre artiste, footballeur ou sportif de haut niveau. Tant que tu n'as pas remportĂ© 24 Grands Chelems comme Djoko, tant que tu n'as pas vraiment tout donnĂ© et convaincu tout le monde, tu ne peux pas t'arrĂȘter. Sinon, c'est un peu comme si tu Ă©tais lĂ par hasard.Â
Pour moi, le véritable défi, c'est de figurer sur le premier écran d'accueil du téléphone de chacun.
Câest un bel objectif ! Pour terminer, quels sont vos enjeux en 2024, et sur les annĂ©es qui arrivent ?
En toute franchise, câest de tout pĂ©ter ! De devenir le numĂ©ro 1 en France pour commencer. Et ça, ça pourrait prendre un peu plus d'une annĂ©e. Mais on est convaincu qu'en France, il y a un potentiel Ă©norme. Entre les courtiers traditionnels, les banques de rĂ©seau, et les nĂ©o-brokers qui, Ă mon sens, nâont pas su assez personnaliser leur offre, on voit un espace pour nous.Â
On veut combiner le meilleur des deux mondes : offrir toutes les typologies de comptes tout en assurant les meilleurs prix et une expĂ©rience utilisateur au top. Avec une attention particuliĂšre sur la France et le Benelux. On vise Ă se placer dans le top 3 des apps dâĂ©pargne et dâinvestissement dans lâespace francophone, avant de prendre une position plus offensive au niveau europĂ©en et ensuite mondial. Avec le rĂ©seau social au cĆur de notre offre, l'effet rĂ©seau joue Ă©normĂ©ment.Â
Un grand merci Ă Benjamin pour cet Ă©change ! Rendez-vous la semaine prochaine pour parler de digital lending.
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