Hello 👋
Alors que la confiance dans les banques se dégrade, le Web3 ouvre de nouvelles possibilités passionnantes pour les entrepreneurs et les investisseurs. Il promet notamment une approche décentralisée, transparente et rapide des transactions financières.
Pour en savoir plus sur cette révolution, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Christophe Lassuyt, CEO de Request, une solution de gestion des dépenses en crypto-monnaie pour les entreprises. 🔐🔐
Au programme :
La gestion des paiements en crypto 🔐
Le rôle de la finance dans une boîte Web3 📊
Système centralisé vs. Système décentralisé ⚙️
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
Avant de commencer, voici quelques définitions de termes que vous retrouverez dans cette interview :
Web3 : c’est comme une nouvelle évolution d'Internet qui met l'accent sur la décentralisation et la responsabilité des utilisateurs. Plus besoin de passer par des tiers.
Wallet : portefeuille numérique utilisé pour stocker, gérer et transférer des actifs numériques tels que les cryptomonnaies.
Stablecoin : forme de cryptomonnaie dont la valeur est généralement indexée sur une monnaie fiduciaire (comme le $ ou l’€).
Self-Custody : c’est le fait de posséder et de gérer soi-même les clés privées nécessaires pour accéder à ses actifs et les contrôler.
Monnaie Fiat : monnaie émise et contrôlée par les banques centrales et les gouvernements (euro, dollar, etc).
Salut Christophe, peux-tu commencer par te présenter et nous parler de Request ?
Je suis français et j'habite à Singapour. J'ai fait mes études dans une école de commerce en France, mais je n'y ai jamais travaillé. J'ai été CFO en Suisse pendant 3/4 ans, puis en Chine et de nouveau en Suisse. J'ai ensuite été Group CFO et je supervisais 7 CFO qui géraient une quinzaine de pays.
Ensuite, j'ai monté ma première fintech dans les transferts d'argent internationaux en 2014. J'ai ensuite monté un premier protocole crypto en 2017, puis Request Finance il y a 2 ans et demi.
Request Finance propose du spend management (gestion des dépenses) en crypto. C’est un peu comme un Spendesk pour les cryptomonnaies. Nous avons actuellement 2 000 clients et 300 millions ont été transférés via notre plateforme.
Nous avons également un super Web3 CFO Club avec des centaines de CFO du Web3, ainsi qu'un guide de 100 pages sur comment faire de la finance d'entreprise dans le Web3 (à télécharger tout en bas 👇).
Peux-tu présenter quelques fonctionnalités de Request ? (Démo)
Avec Request, tu peux :
Être payé pour tes factures
Payer tes factures
Payer des salaires
Payer des notes de frais.
Donc par exemple, si tu m'envoies une facture, tu vas cliquer sur "créer une nouvelle facture". Avec ton compte, tu l'envoies à mon compte en la labellisant en euro. Tu peux faire plein de choses avec ton argent qui sont des choses magiques comme l'escrow et le streaming. Si tu te fais payer en crypto et que tu ne choisis pas Fiat, dans ce cas présent, tu choisis parmi une quinzaine de réseaux de paiement. 150 monnaies sont disponibles et tu mets le wallet sur lequel tu veux recevoir l'argent.
La prochaine étape, c'est que tu auras reçu l'argent sur ton wallet. Quand tu l'auras reçu, nous t'enverrons un e-mail pour te dire “Salut, tu as reçu l'argent sur ton wallet". Donc c'est hyper simple jusqu'à maintenant.
Côté payeur, j'ai bien reçu la facture que je dois payer. Je peux avoir quelqu'un dans ma team qui l’approuve ou la rejette. Mon étape d'après c'est de la payer et c'est là où la magie s'opère : je peux payer non seulement dans la monnaie qui a été réclamée, mais aussi dans d'autres monnaies. Il y a donc un transfert d'argent au niveau du paiement des factures et ensuite je clique sur "payer" et je valide dans mon wallet. Ma facture s'automatise, elle se met à jour et sera marquée comme payée. Elle sera aussi envoyée dans le logiciel comptable automatiquement.
Dernier point, si je fais un paiement en batch, c'est ça que les CFO de boîtes crypto adorent, ils peuvent payer des dizaines, voire des centaines de factures en un clic.
Dans le Web2, un CFO manage un centre de coûts. Demain, dans le Web3, le CFO gèrera un centre de profits.
Est-ce que ça fonctionne uniquement si je dois payer quelqu'un qui veut recevoir de la crypto ?
On vient de mettre en place quelque chose qui permet de payer en crypto et de recevoir en quelques minutes en euros sur ton compte bancaire.
Donc, par exemple, un cabinet d'avocats en Europe peut facturer 10 000€, le client va payer en crypto et quelques minutes plus tard, le cabinet reçoit 10 000€ sur son compte bancaire. Donc, ça, c'est un petit peu magique. On va également proposer de payer en crypto et recevoir dans 60 monnaies dans 150 pays.
C’est également possible de payer en euros et que le fournisseur reçoive en crypto, mais cette demande est plus rare.
On est toujours en phase de construction du produit, on dépote ! Donc on sort tout le temps des nouveautés.
Est-ce qu’il y a un risque de change, de variation du cours dans ce cas ?
Si tu veux être payé en Bitcoin, alors en effet, tu auras un risque de change par rapport à tes dépenses dans la vie réelle qui ne sont pas en Bitcoin. Mais nos clients, les entreprises, ne choisissent pas le Bitcoin pour être payées mais, en grande majorité, le Stablecoin.
Donc, aujourd'hui, il y a plein de boîtes sur les 5 continents qui se font payer en Stablecoin US Dollar. En se faisant payer en Stablecoin USD, c'est sécurisé. Mais c'est quand même de l’USD, donc il y a en effet un risque de change entre l'USD et l’euro.
Mais des Stablecoins Euro commencent à exister. Il y a l’Euroc de Circle ou l’Euro E de Monerium. Ils vont permettre aux entreprises de faire davantage de transactions sans risque de change du tout. Le change entre l’Euro E et l'euro, c'est un pour un.
D’accord, intéressant ! Quelles sont les grandes différences en termes de gestion financière entre une boite traditionnelle et une dans le Web 3 ?
Aujourd'hui, dans le Web2, un CFO manage un centre de coûts. Il est considéré comme une fonction back-office avec malheureusement pas beaucoup de respect par rapport à ce qu’il mérite. C'est un ex-CFO qui parle.
Demain, dans le Web3, le CFO gère un centre de profits. Les entreprises du Web 3 ont accès à des systèmes de yield et de trade en seulement quelques clics, tout comme les très grandes entreprises du CAC 40.
On parle maintenant d'inclusion financière pour les entreprises et il suffit d'avoir 2 millions de cash pour générer un centre de profit. C'est un point hyper important qui rend les CFO du Web3 heureux. On les met au centre de l'entreprise.
Maintenant, il y a des points d'attention. Un CFO du Web3 doit mettre en place de vraies procédures d'audit car dans le monde décentralisé, il y a plus de contrôles. Ces procédures doivent être auditées par quelqu'un d'autre et même le CFO n'a pas le droit de faire un paiement seul. Il doit toujours faire un paiement avec quelqu'un d'autre, voire avec 2, 3 ou 4 autres personnes qui co-valident. Il doit également mettre en place des systèmes d'approbation pour avoir différents niveaux de vérification.
La maturité de l'écosystème est également un risque. Le CFO a accès à 20 outils différents, mais 15 d'entre eux sont encore très risqués car ils n'ont pas été suffisamment testés. C'est un domaine plus sensible dans le Web3.
Quelle est ta vision par rapport aux difficultés actuelles des banques ? Comment la finance décentralisée pourrait permettre de combler tout ça ?
FTX a montré à l'écosystème crypto que si tu mets tes fonds dans un échange centralisé, ils ne t’appartiennent pas. Donc des milliards sont partis des échanges centralisés vers des systèmes de self-custody, comme les Multisig Wallet ou les MPC Wallet notamment. C'est un premier mouvement.
Le deuxième mouvement qui s'est produit, c'était SVB, où tu te rends compte que les banques placent ton argent et que l'argent ne t’appartient pas. La banque peut décider de ne pas te renvoyer tes fonds, elle peut bloquer tes transferts financiers.
Les entreprises, les startups, les CFO et les investisseurs viennent de s’en rendre compte et font de la diversification de custody en transférant leurs USD dans des banques étrangères pour limiter leur risque. Après la diversification de custody, la prochaine étape est la self-custody. En réalité, c'est ce qui aurait évité à toutes ces startups de faire des crises cardiaques quand elles se sont rendues compte que la SVB n'allait pas leur rendre leurs fonds. Et donc ce cas de self-custody n'existe qu'avec les cryptos.
Les entreprises ne réagissent pas en 2 semaines à un mouvement comme ça de construction de leur portefeuille financier. Elles vont réagir sur les 2 ou 3 ans qui viennent. On va voir des entreprises non-crypto qui vont détenir 10 à 20% de leur tréso en crypto avec de la self-custody, parce que c'est leur portefeuille de sécurité. C’est comme si, à titre particulier, au lieu de faire confiance à une banque, on prend 10 ou 20% et on le cache dans un coffre chez nous.
Comment le marché des cryptos va évoluer ces prochaines années selon toi ?
Alors, il y a deux choses :
Ça évolue comme aujourd’hui, avec un bull market tous les 3 ans, beaucoup d'attention et une adoption continue.
Le deuxième scénario est une hyperinflation généralisée. Exactement ce que les Argentins et les Libanais ont vécu. Pourquoi les banques sont-elles brûlées en Argentine et au Liban ? Parce que les banques ne les autorisent pas à retirer leurs fonds. Et comme ils ne retirent pas leurs fonds et que le prix de la baguette de pain passe de 1 à 100 en quelques mois, leur argent qui valait 100 en janvier ne vaut plus que 30 en février et plus rien en mars.
Avec un peu d'éducation, tout un écosystème va se préparer à ce deuxième scénario. Les CFO doivent prendre en compte cette éventualité dans leur gestion des risques et se demander comment survivre à une telle situation. Je vois donc une préparation à une hyperinflation, où les banques ne permettent pas de retirer l'argent, arriver avec la self-custody. Ce sont les plus malins qui le feront en premier.
Un grand merci à Christophe ! La semaine prochaine, on parle de financement de factures et de levée de fonds avec Clément Carrier, co-fondateur et CEO d’Aria. 🎙️