🎙️🧾 Facture électronique : session de rattrapage !
Avec Charles Foucque, co-fondateur de Seqino.
Hello tout le monde 👋
Vous n’êtes certainement pas passé à côté, les factures sur Excel, c’est bientôt terminé avec la réforme de la facture électronique !
Mais concrètement, c’est quoi ce vaste chantier ? XML, CII, Factur-X, PDP, OD, PPF, 2024, 2027… Pas simple à comprendre tout ça ! 🥵
Alors aujourd’hui, Charles Foucque, le co-fondateur de Seqino, outil de facture électronique, nous fait une super session de rattrapage ! 🤩
Au programme de notre échange :
Les formats de facture électronique 🧾
La souveraineté des données 🇪🇺
Les acteurs de la réforme 💻
Le nouveau calendrier 📆
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
Salut Charles ! Est-ce que, pour commencer, tu pourrais nous parler de ton parcours ?
Salut Thomas ! Alors moi je suis un ancien banquier. J'ai commencé ma carrière en salle de marché chez Natixis en tant que vendeur de produits dérivés. Un métier très spécifique, assez niche. J'ai passé un peu plus de quatre ans au sein de cette équipe.
Par la suite, j'ai rejoint l'inspection générale. Là, j’ai vraiment passé en revue tous les aspects de la banque, de nombreux types de métiers, à la fois en profondeur et en transversal, avec des sujets très techniques, comme les référentiels de données et l'homologation de produits. Mon parcours m'a permis d'acquérir une solide compréhension des contraintes et des problématiques réglementaires, ainsi que de la manière de gérer les opportunités commerciales dans ce contexte.
Ensuite, j'ai rejoint le département Global Transaction Banking, qui s'occupe du financement des échanges internationaux, notamment le Trade Finance et la Supply Chain Finance. Je dirigeais tous les projets et programmes d’innovation, en particulier ceux liés à la blockchain. En intégrant la blockchain, on intègre tout un processus qui doit être standardisé et encadré. J'envoie mon bon de commande, il est validé, je reçois la facture, puis plus tard, je génère une facture. Le client la valide et la paye, ou la refuse. En partant de ces principes et de ces séquences, on arrive au concept de facture électronique.
En 2020, j'ai alors commencé à prendre des feuilles blanches pour essayer de tracer le parcours. Je me suis inspiré de tout ce que j'avais pu observer et apprendre sur mes projets pour comprendre concrètement ce qu'était le parcours de la facture dans la vie réelle.
L'IA va permettre d'automatiser de nombreuses tâches administratives, en éliminant celles à faible valeur ajoutée. Elle améliorera également l'anticipation et la prévision des flux de trésorerie, tout en aidant les dirigeants à prendre des décisions éclairées.
Et du coup… Seqino ! Peux-tu nous parler de ce que vous faites ?
Chez Seqino, on permet aux entreprises d’être conformes aux normes de la facture électronique. Cela signifie que nous gérons aujourd'hui presque tous les aspects de l'émission et de la réception, couvrant déjà 11 des 14 statuts de la réforme, sachant que les trois autres ne sont pas nécessairement obligatoires. Nous apportons une solution de facturation électronique simple et sécurisée.
Nous gérons l'ensemble du processus de validation des factures et du paiement des factures fournisseurs directement depuis le compte bancaire. Il n'y a pas de portefeuille de monnaie électronique à manipuler. Nous sécurisons nos clients à ce niveau en s’appuyant directement sur leurs comptes bancaires.
La sécurité est également un point essentiel pour nous. Aujourd'hui, nous sommes certifiés en lutte contre la fraude à la TVA, ce qui est plutôt rare parmi les plateformes de facturation. C'est un point crucial, car un des objectifs de la réforme est de lutter contre la fraude à la TVA. Nous sommes déjà certifiés à cet égard.
Enfin, je n'ai pas encore vu de plateforme de facturation comme Seqino où il est pratiquement impossible de commettre une fraude interne. C'est là que mon expérience précédente à l'inspection générale entre en jeu, car en réalité, il faut seulement quelques minutes pour reproduire une fraude avec 90% des outils disponibles sur le marché.
Peux-tu nous expliquer ce qu’est une facture électronique concrètement ?
Une facture électronique est composée de trois formats de fichiers électroniques de base. Ces fichiers électroniques contiennent un ensemble de données qui sont définies par des normes. Les normes pour les fichiers électroniques sont définies par la norme EN16931, qui est une norme européenne. Il y a aussi le Code Général des Impôts et le BOFiP, qui imposent un certain nombre de champs obligatoires dans les factures.
Donc, pour récapituler, il y a trois formats et deux d'entre eux sont entièrement électroniques. Ce sont les fichiers XML, l'UBL et le CII, qui sont normalisés, structurés et encadrés. Le format dont on entend beaucoup parler est la Factur-X, un fichier XML qui intègre un élément lisible sous forme d'un PDF classique, ce qui permet à n'importe quelle personne de lire la facture. Un fichier XML, je vous mets au défi de le lire, même si vous savez où se trouvent les éléments, c'est très compliqué. C'est pourquoi je pense que la Factur-X est un excellent produit pour les personnes qui ont besoin de démarrer avec la facturation électronique.
Si je ne me trompe pas, Factur-X existe déjà et est utilisé quand tu travailles avec l'administration ?
C’est ça, c’est déjà en place avec l'administration. Le fichier XML est intégré, et l'administration sait le lire. Ce qui est aussi essentiel, c'est que, puisqu'il s'agit d'un fichier de données, si l'utilisateur dispose d'un outil permettant de comprendre la Factur-X, le laps de temps entre la réception de la facture et son entrée dans le circuit de gestion est beaucoup plus court. Il faut comprendre qu’aujourd’hui pour une facture classique, cela peut prendre 20 à 30 jours entre le moment où la facture arrive, que ce soit dans la boîte mail ou par courrier, et le moment où elle est saisie dans l'outil de gestion de l'entreprise. Et je ne parle même pas de la validation, seulement de la saisie, où il peut y avoir des erreurs.
Avec Seqino, c'est instantané, donc vous gagnez tout ce temps. Cela ne tient pas compte de toutes les autres utilisations possibles des données, de leur exploitation, qui est un sujet majeur et est de plus en plus soulevé. De nombreuses questions se posent sur la facture électronique. Elle touche à l'ensemble de l'activité industrielle et commerciale d'une entreprise. En termes d'intelligence économique, elle a une grande valeur. Mais attention, qui aura accès à nos données ? Est ce que les données resteront vraiment en Europe finalement. C'est un point à considérer.
Très intéressant ce sujet de la souveraineté des données. Concernant le calendrier de la réforme, il y a eu quelques changements. Tu peux nous en dire un petit peu plus sur le nouveau calendrier ?
Initialement, la date butoir pour la facturation électronique était prévue pour le 1er juillet 2024 pour toutes les entreprises en réception, et en émission pour les grandes entreprises. À partir de janvier 2025 pour les ETI en émission, et janvier 2026 pour toutes les autres entreprises.
Pour diverses raisons, notamment en raison du retard lié au Portail Public de Facturation (PPF), la DGFiP a demandé, dans le cadre du projet de loi de finances 2024, que ce calendrier soit reporté. La nouvelle échéance serait fixée à septembre 2026 pour l'émission et la réception, aussi bien pour les grandes entreprises que pour les ETI, et obligatoire en émission pour toutes les entreprises françaises à partir de septembre 2027.
Vous souhaitez devenir PDP. Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est et quels sont les différents acteurs qui rentrent en compte dans la facture électronique?
En effet ! PDP, ça signifie Plateforme de Dématérialisation Partenaires. C'est encadré par un décret qui définit les obligations que nous avons en tant que PDP pour pouvoir nous connecter directement au Portail Public de Facturation.
Il y a aussi un troisième acteur, ce sont les Opérateurs de Dématérialisation (OD). L'avantage du PDP, c'est qu'il peut gérer et administrer les comptes des entreprises. Il agit en quelque sorte comme un tiers de confiance pour l'État, pour gérer cette partie. Les OD n'ont pas ce rôle, donc chaque entreprise devra s'inscrire directement sur le portail de l'État et charger ses factures de manière plus ou moins directe, avec moins d'informations, notamment en ce qui concerne les statuts, ce qui rendra le processus plus manuel.
Donc une entreprise a tout intérêt à passer par un PDP ?
Tout à fait, il y a de nombreux avantages à passer par un PDP pour les entreprises, particulièrement en ce qui concerne la possibilité de se connecter à un large écosystème d'acteurs du secteur de la facturation et du recouvrement. Cette connexion est beaucoup plus facile à établir avec un PDP qu'avec un OD. C'est un point essentiel, d'autant plus qu'aujourd'hui, certains acteurs, dont nous faisons partie, intègrent la qualification PDP dans leur offre. C'est donc un réel avantage.
Et on peut passer directement par le PPF aussi, il me semble ?
Oui, c'est possible ! Le PPF aura effectivement l'avantage d'être gratuit, mais il y a certains outils qui seront gratuits aussi. Nous avons par exemple une offre de Factur-X gratuite qui correspond à celle du PPF.
Bien entendu, il y a tout un ensemble de services payants autour de cela qui peuvent être intéressants pour les entreprises. Le PPF ne gérera pas les devis, ne gérera pas les bons de commande, et il ne permettra pas d'avoir une vision de trésorerie ni d'anticiper la trésorerie. Il fait le strict minimum car il est obligé, mais aujourd'hui, nous, nous émettons en format EN16931 pour la Factur-X, pas en format minimum. J’ai vu certains outils où l'émission se fait avec un format minimum qui ne serait même pas valable sur le PPF.
Quelle est la différence entre le format minimum et le format EN16931 ?
Il existe plusieurs formats de Factur-X qui permettent de traiter plus ou moins de données. Le format minimum permet de traiter seulement quelques données de la facture électronique et d'afficher un nombre limité de données dans le XML, tandis que le format 16931 est beaucoup plus complet.
Quels sont vos gros enjeux à venir, notamment sur 2024 ?
Les enjeux sont multiples.
Nous travaillons en collaboration avec les banques pour améliorer l'expérience client, en visant une expérience simple et fluide. Nous travaillons également à la démocratisation de notre outil, en le rendant accessible au plus grand nombre. Lorsque je parle d'accessibilité, je fais référence à la simplicité d'utilisation. 40 à 50 % des entreprises françaises ne disposent toujours pas d'un outil de gestion. Elles ont besoin de s'équiper et d'être accompagnées. De plus, certains outils de gestion sont plutôt datés et mériteraient une amélioration de l'expérience client. Donc, nous nous concentrons sur ces enjeux.
Nous avons une phase pilote sur laquelle nous souhaitons vraiment nous engager pour accompagner les entreprises. Ce qui est dommage avec le report de la réforme, c'est que de nombreuses TPE et PME, et notamment toutes les entreprises qui utilisent Seqino, que ce soit par le biais de leur expert-comptable ou de leur banque, sont déjà prêtes pour la facturation électronique bien avant la date limite. Il y a bien sûr tout un volet d’accompagnement de ces entreprises. Nous l’avons constaté, la facture électronique peut faire peur au premier abord, pourtant avec des outils simples comme le nôtre, pas besoin de formation. Nous sommes peut-être les seuls à avoir intégré les statuts de la réforme dans notre processus. Toutes les entreprises utilisant Seqino sont prêtes et dans un sens s'auto-forment à chaque utilisation. Nous leur avons déjà expliqué le processus : la facture est déposée, envoyée, reçue et validée. Toutes ces étapes sont déjà intégrées.
Et puis, bien sûr, il y a aussi l'enjeu de l'intelligence artificielle, qui porte un énorme potentiel d'optimisation et d'échanges avec les experts-comptables, qui jouent un rôle clé. Nous ne cherchons pas à perturber les banques, ni les experts-comptables, mais nous travaillons à leur fournir l'accès aux flux d'informations, car sans données, ils ne peuvent pas établir des bilans.
Intéressant ! Comment l'IA va changer les choses dans la facturation ?
L'IA va permettre d'automatiser de nombreuses tâches administratives, en éliminant celles à faible valeur ajoutée. Elle améliorera également l'anticipation et la prévision des flux de trésorerie, tout en aidant les dirigeants à prendre des décisions éclairées, notamment en ce qui concerne la partie commerciale.
Un grand merci à Charles pour cette interview, et à la semaine prochaine pour parler de procurement ! 👋