🎙️💶 Cash is king, ou Profitability is king ?
Avec Quentin Lacointa, co-fondateur & CEO de Trezy.
Hello tout le monde 👋
Comme on le dit bien souvent dans le jargon financier : cash is king ! 👑
C’est vrai que l’argent, c’est le nerf de la guerre. Sans ça, on ne peut pas payer ses fournisseurs, ses employés, ses charges. Mais l’argent, ça peut venir de différents endroits : de l’activité, évidemment, mais également de financements. Très pratique certes, mais pas forcément durable (la période actuelle le démontre bien 😅).
Une notion a peut-être été perdue de vue ces dernières années, alors qu’elle est pourtant la base d’une entreprise saine : la rentabilité, la capacité à gagner de l’argent grâce à son activité. Et ça, ce n’est pas toujours simple à mesurer de manière régulière et assez peu de logiciels le proposent.
🚨🚨 En parlant de logiciel, je revends le logiciel SaaS que j’ai développé pour mon premier projet entrepreneurial. Il permet d’obtenir une situation financière sous forme de P&L à partir de la balance comptable, un P&L prévisionnel, et un business plan pour aller chercher sereinement des financements. Envoyez-moi un message si ça peut vous intéresser et que vous souhaitez une démo. 👋
Mais revenons à notre sujet ! Du coup, pour parler de tréso et de renta, je reçois cette semaine Quentin Lacointa, le co-fondateur & CEO de Trezy, un logiciel de gestion de trésorerie qui n’a pas oublié l’importance des indicateurs de rentabilité.
Au programme de notre discussion :
Suivre les chiffres de son entreprise 💶
L’IA dans les logiciels de gestion 🤖
Excel est-il irremplaçable ? 📊
Les enjeux de Trezy 🚀
⏱️ Temps de lecture : 6 minutes
Hello Quentin ! Pour commencer, pourrais-tu te présenter ?
Salut Thomas, bien sûr ! Je suis entrepreneur, et Trezy est mon troisième projet entrepreneurial. J'ai commencé par la restauration, donc rien à voir avec la tech. J'ai actuellement sept restaurants dans le sud de la France.
Ensuite, il y a sept ans, j'ai déménagé aux Pays-Bas, où j'ai créé une entreprise appelée Growth Tribe, qui se spécialise dans la formation aux compétences digitales. On a commencé par la formation sur le Growth Hacking, et nous avons été la première académie en Europe accréditée par l'université d'Amsterdam où les étudiants peuvent obtenir des crédits pour leur master. Aujourd'hui, nous proposons des formations sur l'IA, la cybersécurité, la blockchain, les nouvelles technologies, l’UX et l’UI. Notre objectif est de préparer à travailler avec les compétences du futur. Nous avons actuellement 150 collaborateurs avec une croissance assez soutenue, et nous sommes rentables.
J'ai quitté les opérations de l'entreprise il y a deux ans pour me concentrer pleinement sur Trezy. En fait, Trezy est né de mes besoins en tant que dirigeant d'entreprise, en tant que gestionnaire. J'avais besoin d'accéder à mes rapports comptables de manière régulière, de suivre mes chiffres. J'ai rapidement réalisé que cela n'était pas accessible aux TPE et aux entreprises de moins de 20 employés. C'était un processus comptable qui était axé sur la conformité, plutôt que sur la prise de décisions. Aujourd'hui, le monde évolue beaucoup plus rapidement qu'il y a dix ans, et on ne peut plus se permettre de dépendre de processus comptables humains pour prendre des décisions. Il est essentiel d'obtenir des données conformes en permanence pour prendre des décisions éclairées.
Il n'est plus nécessaire d'apprendre à lire un compte de résultat, car nous pouvons le traduire en langage courant, en utilisant des termes que les entrepreneurs comprennent, sans avoir à consulter le compte d'origine.
Peux-tu nous en dire plus sur Trezy ?
On permet aux TPE et aux PME d'obtenir des informations financières actualisées et des indicateurs de performance pour prendre des décisions plus rapides. Concrètement, comment ça fonctionne ?
Nous nous connectons aux données bancaires, ce qui est le minimum requis pour obtenir une première estimation. Une fois que nous avons ces données, nous pouvons les enrichir en catégorisant automatiquement les flux bancaires et en calculant les délais de règlement sur chaque transaction. Grâce à ça, nous pouvons fournir une comptabilité de gestion aux entrepreneurs et aux dirigeants d'entreprise, afin qu'ils puissent se comparer au secteur et prendre des décisions.
En gros, nous validons et disons : "Pierre, il est temps d'ajuster votre effectif car vous avez connu une perte de 13% sur un an, mais votre masse salariale est restée la même. Si vous continuez ainsi, vous serez en difficulté dans 3 mois.”
Donc un outil de gestion de trésorerie, avec un suivi des flux bancaires. Est-ce que vous faites également des prévisions financières ?
Oui, nous faisons des prévisions sur les flux de trésorerie et des prévisions de rentabilité. Nous nous basons sur les flux de trésorerie pour établir une comptabilité d'engagement basée sur les flux de trésorerie. Ça nous permet de prévoir la situation actuelle de l'entreprise.
Ça veut dire qu'on obtient un compte de résultat ?
Exactement. Il faut comprendre que la trésorerie est généralement le problème principal des entreprises. La plupart des entreprises font faillite en raison de problèmes de trésorerie. Mais au final, la trésorerie est toujours une conséquence, pas une cause.
Il y a des flux de trésorerie parce qu'il y a des factures à payer, des taxes à régler. Nous inversons cette tendance en utilisant la trésorerie pour remonter à la source et comprendre ce qui se passe réellement. Nous analysons les flux de gestion pour prédire les futurs flux de trésorerie résultant des opérations de l'entreprise, c'est-à-dire du compte de résultat. C'est quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant.
Très intéressant ! On vient de commencer à en parler avec le P&L, mais on voit de plus en plus de logiciels de gestion de trésorerie sur le marché. Comment vous vous différenciez ?
En tant que dirigeant d'entreprise, j'ai créé un outil pour les dirigeants d'entreprise. Je n'ai pas conçu un outil que vous devrez continuellement entretenir pour accéder à vos informations, comme c'est le cas avec la plupart des autres solutions disponibles sur le marché. Ces outils vous obligent souvent à les nourrir avec des informations pour les aider à catégoriser ou à élaborer des plans futurs. Le problème, c'est qu'il y a souvent 20 à 30 % de vos dépenses et de vos recettes que vous n'avez jamais vues. Toutes les autres dépenses, toutes les petites transactions. Nous sommes en mesure de catégoriser tout cela, de suivre 100 % des transactions en lien avec votre compte bancaire, quelles que soient les circonstances. Voilà où réside la grande différence.
Lorsque vous arrivez sur Trezy, vous n’avez pas à passer tout votre temps à saisir, catégoriser, configurer et entretenir l'outil, notre objectif est de simplifier votre expérience. Vous venez, vous commencez à utiliser Trezy, et vous avez déjà toutes les informations dont vous avez besoin. Dès que vous avez connecté vos comptes bancaires, en 10 minutes, vous obtenez votre plan de trésorerie, votre prévision de trésorerie générée automatiquement par la machine, votre compte de résultat prévisionnel, et vous pouvez vous comparer au secteur dès maintenant.
Ensuite, nous vous donnons les clés pour agir. Vous devenez le maître du jeu, vous décidez de la suite. Vous voulez chercher un financement ? Baisser vos charges ? Vous pouvez créer différents scénarios, c'est à vous de jouer avec ces données. Et c'est là que réside la grande différence. Il n'y a actuellement aucune autre solution sur le marché, que ce soit en France ou à l'international, qui offre cette possibilité.
Il y a quelque chose qui m'intéresse, lié à ton parcours. Comme tu l'as dit, à la base, tu n'étais pas un financier, tu as des restaurants. On voit encore beaucoup d'entrepreneurs qui ne s'intéressent pas vraiment à leurs chiffres, qui ne connaissent peut-être pas les bases. Comment tu t’es intéressé à ces sujets ?
J'avais des ambitions de croissance, et en tant qu'entrepreneur, quels que soient tes antécédents en finance, tu finis par te former dans le domaine. C'est à vous de décider à quel niveau vous souhaitez creuser. Pour ma part, j'ai approfondi mes connaissances en finance dès mes débuts en entrepreneuriat car j'ai rapidement été confronté à ces aspects. J'ai compris que la finance était la clé pour obtenir un financement, que ce soit par le biais des investisseurs, des clients, de la dette ou d'autres sources.
Même si vous envisagez de vous financer principalement par le biais de vos clients, il est essentiel de comprendre les concepts financiers et les flux de trésorerie qui permettront de financer votre croissance future. La première fois que j'ai vu mon bilan comptable, ça m’a semblé complexe, mais j'ai pris le temps de le décortiquer et de comprendre son fonctionnement. Aujourd'hui, je peux discuter de procédures comptables avancées et des réglementations comptables parce que je me suis intéressé à ce domaine.
Après, la plupart de mes associés et la grande majorité des entrepreneurs ne se concentrent pas vraiment sur la finance, et cela n'a pas tant d'importance. Ce qui compte, c'est de savoir si vous pourrez acheter un nouveau point de vente dans six mois. La finance, en fin de compte, est un moyen pour atteindre cet objectif. Ce n'est pas la fin en soi. C'est ce que les entrepreneurs doivent comprendre aujourd'hui.
Et du coup, où en êtes-vous à l'heure actuelle ?
En ce qui concerne le produit, nous disposons déjà d'une solution très robuste en matière d'automatisation. Concrètement, lorsque vous connectez vos comptes bancaires, nous prenons en charge tout le processus d'intégration de manière entièrement automatique, sans que vous ayez à vous en préoccuper.
Actuellement, plus de 2 000 entreprises ont créé un compte sur Trezy et l'utilisent au quotidien. Notre prochaine étape est de développer notre application mobile. À partir du premier trimestre de l'année prochaine, notre objectif sera de faire évoluer cette application pour en faire un véritable directeur financier de poche. La valeur ajoutée sera encore plus importante. Nous allons au-delà du simple reporting pour aider concrètement les entrepreneurs à prendre des décisions basées sur leurs chiffres.
Il y a un sujet récurrent dans le domaine des fintechs et des outils de gestion financière, c’est l’IA. Vous l’utilisez ?
Depuis le début, nous avons utilisé la technologie "graph-to-text", c'est-à-dire la capacité à extraire des graphiques et des tableaux pour dialoguer avec l'utilisateur. Aujourd'hui, grâce à OpenAI et les LLMs qui ont vu le jour, nous sommes en mesure de faire encore plus. Tu as mentionné que les entrepreneurs ne s'intéressent pas vraiment aux chiffres, qu'ils ne sont pas tout le temps capables de lire un compte de résultat. C'est là que l'IA intervient. Il n'est plus nécessaire d'apprendre à lire un compte de résultat, car nous pouvons le traduire en langage courant, en utilisant des termes que les entrepreneurs comprennent, sans avoir à consulter le compte d'origine. Nous mettons actuellement en place un système de recherche pour diffuser ces informations sur tous les niveaux de communication et dans la distribution de notre produit.
Je pense que la communication est un enjeu majeur. C'est bien de sortir des tableaux à la pointe avec des chiffres à jour, mais si l'entrepreneur n'est pas capable de les comprendre, ça ne sert à rien !
Exactement ! Nous avons de nombreux clients restaurateurs et boulangers. Leurs factures d'électricité sont ahurissantes aujourd'hui, et les raisons sont multiples. D'une part, il y a l'augmentation des tarifs. Mais surtout, de nombreuses entreprises négligent le fait de négocier leurs tarifs ou de revoir leurs accords avec leurs fournisseurs chaque année. Cela signifie que les entreprises paient souvent 5x plus cher que ce qu'elles pourraient obtenir auprès d'un concurrent, simplement parce qu'elles n'ont pas pris cette initiative.
Aujourd'hui, grâce à l'IA générative, aux LLMs, nous pouvons aider à négocier ces contrats une fois par an. Nous pouvons suivre quand ces contrats ont été renégociés et détecter les variations de prix. Des économies significatives peuvent être réalisées, et nous pouvons réellement devenir ce directeur financier de poche. Ce n'était pas possible il y a deux ans, mais aujourd'hui, grâce à l'IA, c'est une réalité.
Dans mon entourage, j’ai pas mal de CFO et ils utilisent toujours Excel, notamment pour les prévisions et la modélisation financière. Pourquoi Excel persiste encore dans certaines tâches, malgré l'existence d'applications de plus en plus avancées ?
Nous sommes en train d'intégrer des fonctionnalités de modélisation avancée dans Trezy, même si ce n’était pas le but initial de notre produit. Et pour être précis, nous incorporons une API qui intègre Excel et Google Sheet dans Trezy.
Les personnes qui veulent remplacer Excel n'ont pas encore trouvé la bonne solution. La flexibilité offerte par Excel est inégalée et il n'est pas nécessaire de la changer. Pourquoi le ferions-nous ? Excel permet de travailler de manière flexible, de créer des brouillons, de partir dans tous les sens. Après, il est vrai que certaines entreprises maintiennent des processus lourds sur Excel depuis 10 ou 15 ans, avec des tableaux de bord financiers comportant 10 onglets gérés par 3 personnes. Dans ce cas, il peut être utile d'envisager des outils plus adaptés. Mais pour la modélisation des hypothèses financières, je n'ai personnellement jamais trouvé mieux qu'Excel.
Je sais que des outils comme Pigment sont populaires auprès des entreprises plus avancées, mais ils nécessitent une période d'adaptation et ne sont pas adaptés à tout le monde. Donc, pour la plupart des cas, je continuerais à utiliser Excel. Je pense que tous les CFO qui l'utilisent ont raison, car il reste l'outil idéal pour ça.
Pour terminer, quels sont vos enjeux à venir sur 2024 ?
Pour nous, le véritable défi est de remplacer le besoin qu'ont les entrepreneurs de se connecter plusieurs fois par jour à leur compte bancaire pour vérifier les paiements, les prélèvements. Nous cherchons à les aider à anticiper l'avenir en utilisant notre application mobile, tout comme ils le font avec leur application bancaire.
Actuellement, beaucoup d’entrepreneurs n'utilisent pas d'ordinateurs portables pour leur travail. Ils n'ont pas l'habitude de travailler sur des ordinateurs. Notre défi est de rendre ces informations accessibles à tous via leurs téléphones, tout comme les applications bancaires l'ont fait. Personnellement, lorsque je dois effectuer un virement et que je dois passer par le site web, ça me décourage. Notre objectif est de tout rendre disponible sur les téléphones. La technologie est prête, mais il n'existe pas encore de solutions qui permettent de tout faire sur mobile, en particulier en matière d'aide à la prise de décision. C'est là que réside le défi pour Trezy.
Un grand merci à Quentin pour son temps ! La semaine prochaine, je vous donne rendez-vous pour une édition un peu spéciale : le récit d’une levée de fonds de plusieurs millions dans un contexte compliqué. 🎙️🎙️