Salut tout le monde 👋
📢 J’ai une annonce à vous faire avant de passer à mon invité du jour.
En 2024, j’étends mes activités dans les fintechs !
Jusque-là, je faisais principalement de la création de contenus pour mes clients. Mais notamment grâce à cette newsletter, mon réseau s’agrandit rapidement et je vois plein de synergies possibles.
J’ai donc envie d’aller plus loin. Désormais, en plus de la création de contenus, je propose également de la relation publique.
L’idée est d’aider votre fintech à gagner en visibilité, en notoriété, et de renforcer votre crédibilité. Au-delà du contenu, mon accompagnement passe par deux choses :
🗞️ De la relation presse, j’ai créé des relations avec quelques médias finance et tech.
🤝 Des mises en relation, pour des partenariats notamment.
Si le sujet vous intéresse, j’ai préparé un petit contenu sympa avec quelques conseils. À votre dispo pour en discuter !
Voilà, passons à mon invité du jour !
Aujourd’hui, je reçois Nicolas Benady, le CEO d’une des fintechs les plus en vue de l’écosystème en ce moment : Swan.
37 millions d’euros levés en série B l’année dernière, 110 clients dans 15 pays en Europe, 200 collaborateurs… Swan propose aux entreprises d’intégrer des services bancaires à leur produit.
C’est ce qu’on appelle le BaaS (Banking-as-a-System), et ce n’est pas la même chose que les Core Banking System, dont nous avons déjà parlé ici, et que l’Open Banking. On fait le point !
Au programme de notre discussion :
Swan 🚀
Le BaaS 🏦
Vision LT vs CT ⭐
Être CEO d’une scale-up 📅
⏱️ Temps de lecture : 5 minutes
Salut Nicolas, pourrais-tu te présenter pour commencer ?
Salut Thomas ! Je suis Nicolas Benady, j'ai commencé ma carrière comme développeur, en tant que premier employé, dans l’appartement des cofondateurs. Je suis donc dans l'écosystème startup depuis longtemps ! J'ai aussi une bonne expérience dans le secteur du paiement. Cela fait quinze ans que j’y travaille, dans des fintechs et chez Visa.
Mais avant tout, je suis entrepreneur. Swan est la quatrième start-up que je co-fonde. Les trois autres ont été revendues. Et ce n’est pas mon ambition pour Swan ! On veut créer un géant du paiement en Europe et on a tous les ingrédients pour y parvenir. On est vraiment là pour le long terme.
Nous ne proposons pas de l’Open Banking mais du Banking-as-a-Service. C'est-à-dire qu'avec nous, tu ne te contentes pas d'accéder à ton compte au Crédit Agricole, tu peux ouvrir un compte chez nous et ensuite accéder à des services bancaires.
Très intéressante cette vision à long-terme ! On entend parfois des reproches sur la vision court-termiste de certains fondateurs dans la tech, qui peut freiner l’apparition de véritables entreprises révolutionnaires. Qu’en penses-tu ?
C'est un sujet très important. Pour avoir vu différentes entreprises et pour avoir côtoyé d'autres fondateurs, tu ne peux pas construire une très belle entreprise si tu commences en ayant en tête une revente, même dans 10 ans. Tu vas créer une culture différente, mettre en place des mécanismes, même inconsciemment. C’est impossible. Pour moi, pour créer une grande entreprise, il est indispensable d'avoir cette vision à long terme.
J'ai pu le constater au démarrage de PriceMinister. Je ne dis pas qu'on aurait fait un Amazon, mais on aurait pu accomplir quelque chose d’encore plus grand. Cela reste une très belle réussite. Plusieurs milliers de personnes y ont travaillé, beaucoup de valeur a été créée, mais voilà, Amazon est encore là 25 ans après. C'est devenu quelque chose d'incroyable et PriceMinister a presque disparu des radars.
Si on veut avoir un impact, notamment dans cet univers fintech où les choses prennent du temps, il faut obligatoirement viser le long terme. C'est l'une des valeurs les plus importantes chez Swan.
Depuis combien de temps existez-vous ?
Depuis pas si longtemps que ça. On a commencé en 2019. On a mis 2 ans pour construire la plateforme et pour obtenir notre agrément d’établissement de monnaie électronique auprès de l’ACPR. Ensuite, on s'est lancé début 2021, donc il y a exactement 3 ans.
Ça m'intéresse de parler de ces 2 ans de construction de la plateforme. On me parle souvent de co-construction avec les premiers clients dans cette newsletter. Est-ce que vous avez fonctionné comme ça également ?
Écoute, nous, on a fait exactement l'inverse ! Cela faisait longtemps que je travaillais dans le secteur et j'avais une vision très claire du produit que je voulais créer. Nous n’avons donc pas co-créé avec nos clients. Cela dit, on a tout de même parlé avec beaucoup d’entreprises pour comprendre si ce qu’on construisait était pertinent ou pas. Et on sentait bien que ça l'était. Mais si nous avions demandé à nos clients ce qu'ils voulaient, nous n’aurions pas créé la plateforme de cette façon, avec des choix aussi forts.
Maintenant, une fois le produit lancé, c'est complètement différent. On écoute nos clients sans cesse pour le faire évoluer. Mais on est arrivé sur le marché avec une proposition de valeur vraiment originale par rapport à ce qui existait déjà.
Très intéressant ! Peux-tu nous en dire un peu plus sur Swan et ce que vous proposez ?
Notre activité se rapproche de Qonto ou de Revolut. Mais pour ouvrir un compte Swan, tu ne passeras pas directement par une app Swan ou un site web Swan : tu le feras via un de nos partenaires. Nous sommes donc dans les coulisses, en marque blanche.
Swan permet à n'importe quelle entreprise de créer, pour ses propres clients, des comptes, des IBAN et des cartes Mastercard avec leur propre logo. Donc une entreprise, avec quelques développeurs, peut intégrer des services bancaires basiques au sein de son produit. Ça s’appelle une plateforme de Banking-as-a-Service, ou BaaS, mais on préfère appeler ça une plateforme d’’embedded banking, ou embedded finance, un concept qui a fait le buzz ces dernières années.
Vous ne servez que des fintechs, ou n'importe quel type d'entreprise qui veut embarquer des moyens de paiement ?
C'est une bonne question : une première génération de plateformes, similaires à la nôtre, est devenue le moteur des néobanques autour de 2015. La plupart des grands acteurs comme Shine, Revolut, N26, Qonto, se sont tous développés en s'appuyant sur ces plateformes concurrentes.
Mais justement, quand on a démarré, notre ambition n'était pas de devenir le moteur des fintechs. On souhaitait, au contraire, démocratiser la production de services bancaires et permettre à des entreprises dont ce n'était pas du tout le cœur de métier, d'offrir ces services.
Ce que nous avions en tête, et c’est le meilleur exemple du concept d’embedded finance, c’est Uber. Uber n'a évidemment jamais envisagé de concurrencer les banques. Avec Uber, à la fin d’un trajet, la transaction est complètement transparente. Tu sais que tu as payé mais tu y penses à peine. Alors qu’avant, il fallait parfois faire un détour pour retirer du cash avec un taxi !
Et surtout, le chauffeur Uber n’a plus à se rendre dans une agence bancaire pour obtenir un terminal de paiement ou déposer son cash. C'est une expérience parfaite d’embedded finance : un service de paiement entièrement intégré dans une application qui permet de se passer d’une banque traditionnelle. Nous faisons partie des plateformes rendant possible cette magie, et nous le faisons pour tout type de services bancaires, pas seulement l’acceptation de paiement par carte.
Par exemple, un de nos clients Lucca édite un logiciel RH. On leur permet d'émettre des cartes expense. Plus de notes de frais, plus d’argent à avancer par les salariés, plus de remboursement à faire par les DAF, on simplifie la vie de tous les employés. Donc nos clients, ce ne sont pas nécessairement des entreprises qui ont comme ADN de concurrencer les banques.
Vous proposez également du financement ?
Aujourd'hui, on propose des comptes, des IBAN et des cartes. On va bientôt proposer à nos clients l’acceptation de paiements. On proposera aussi du crédit, mais plus tard, et on le fera avec des partenariats. Il existe déjà de nombreux acteurs qui excellent dans ce domaine.
Mais oui, à long terme, notre ambition est de fournir l’ensemble des services qu'un boulanger pourrait obtenir s'il traversait la rue pour se rendre dans une agence bancaire. Pour gérer son cash, ses paiements carte, payer ses fournisseurs ou obtenir un prêt.
Le BaaS est assez récent, est-ce qu’il y a un enjeu d’évangélisation, de sensibilisation auprès des entreprises ?
Je n’ai pas l’impression qu’il y ait besoin d’évangélisation, le concept est assez évident. La preuve, nous avons commencé il y a 3 ans et on compte plus de 110 clients. On a traité plus de 10 milliards d'euros dans 15 pays en Europe.
Il y a eu une révolution dans le secteur bancaire il y a 20 ans avec le digital, en passant de l'agence physique aux app bancaires mobiles. Mais, au final, l'expérience utilisateur reste similaire, centrée sur la banque. Au lieu d'aller dans une agence, l’utilisateur va sur une app. Or la plupart du temps, ce n’est pas nécessaire.
Nous pensons qu’il y aura une deuxième révolution dans la distribution des services bancaires. Plutôt que des app, on propose des API pour que l'expérience bancaire s'intègre là où l'utilisateur en a besoin. Par exemple, quand tu es un responsable financier dans une entreprise et que tu dois régler tes factures, tu te trouves dans ton logiciel de compta. Il n'est pas nécessaire de quitter cet environnement pour effectuer un paiement. Il est préférable que tout se fasse directement dans l'app de compta.
C'est tellement évident, on le fait déjà avec des acteurs comme Pennylane, Agicap, Lucca… et leurs propres utilisateurs sont ravis de se simplifier la vie !
Il y a quelques semaines, une étude est sortie sur la performance des API bancaires. Cette étude disait que, globalement, il y avait encore des progrès à faire sur certains aspects. Un avis ?
J'ai vu cette étude et, honnêtement, je m'en fiche un peu. Quand on discute de ce sujet, il y a trois domaines assez distincts qui entrent en jeu, tous liés d'une manière ou d'une autre à la banque et aux API, mais qui sont fondamentalement différents.
D'une part, il y a les Core Banking System, les ERP des banques, qui constituent l'épine dorsale des banques.
Ensuite, il y a l'Open Banking. L'Open Banking, pour faire simple, découle d'une directive européenne obligeant toutes les banques à publier deux types d'API : une pour accéder aux relevés de compte et une autre pour initier des virements. L'accès aux relevés de compte fonctionne assez bien, mais l'initiation de virements, pas vraiment. Pour nous, ce n'est pas tant que cela nous laisse indifférents, nous préférerions que cela fonctionne mieux, mais ce n'est pas le service que nous offrons.
Nous ne proposons pas de l’Open Banking mais du Banking-as-a-Service. C'est-à-dire qu'avec nous, tu ne te contentes pas d'accéder à ton compte au Crédit Agricole, tu peux ouvrir un compte chez nous et ensuite accéder à des services bancaires. Nous n'offrons pas seulement deux API, mais plus de 300 API ouvertes. C'est là notre cœur de métier.
Nous veillons à ce que nos API soient d'excellente qualité et accessibles non pas à tout le monde, mais uniquement à nos partenaires qui ont choisi de travailler avec nous.
Vous avez fait une très belle levée en Série B de 37 millions d’euros l’année dernière, malgré un contexte économique qui n’était pas le plus favorable. Comment s'est passée cette levée ?
C’était évidemment un peu plus compliqué que si nous l'avions fait en 2021. Mais je pense qu'il y a toujours des investisseurs intéressés par les entreprises en forte croissance. Il y a quand même eu des levées de fonds en série B l'année dernière. Je pense que nous faisions partie des belles entreprises de l'écosystème français, et c'est vraiment pour cette raison que nous avons réussi à lever. Nous avions un produit de qualité, reconnu sur le marché, avec une belle croissance économique.
C'est quoi le quotidien, le rôle d'un CEO quand on est à ce stade ?
Ça évolue pas mal, et ça doit continuer à être le cas. Aujourd’hui, le plus gros sujet concerne notamment tout ce qui est people. Avant, ça représentait 20-30% de ma charge mentale, aujourd'hui, c’est plutôt 70-80%. C'est pourquoi il devient crucial pour moi de m'entourer de personnes compétentes pour réduire cette charge à 20-30% et me permettre de me concentrer sur ce que je sais faire de mieux : le développement du produit, le marketing et la stratégie. C'est dans ces domaines que je suis le plus à même d'apporter de la valeur à l'entreprise. Mais bon, on ne fait pas toujours ce que l’on veut et il faut répondre aux besoins de l'entreprise.
Et, évidemment, le recrutement reste un élément clé pour toute entreprise.
Vous êtes combien à l'heure actuelle ?
On est 200 depuis ce matin. (interview réalisée le 5 février)
J'ai une dernière question. Quels sont vos enjeux à venir en 2024 et sur les années qui arrivent ?
Notre objectif est de devenir le leader du paiement en Europe. Dès le premier jour, nous avons nourri cette ambition européenne, même si nous étions trois Français, un peu franchouillards. Aucun de nous n'avait vécu à l'étranger. Nous nous sommes rapidement entourés de collaborateurs non-francophones pour internationaliser notre entreprise. Cette démarche a radicalement transformé notre entreprise.
Notre plan consiste maintenant à étendre notre présence dans davantage de pays européens. Nous sommes déjà implantés en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas, et nous prévoyons d'ouvrir le marché italien prochainement, avant de continuer notre expansion en Europe.
Et puis, c’est de proposer de nouveaux services à nos clients. Cette année, le gros sujet concerne l'acceptation de paiements. Si recevoir des paiements par IBAN est déjà possible avec Swan, nous allons bientôt intégrer les chèques, les prélèvements et les paiements par carte bancaire.
Un grand merci à Nicolas, et rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle interview !